Louis-Philippe Blervacque : « Il faut agir vite et massifier »

À l’occasion des Rencontres Entreprises Territoires Développement Durable organisées à Douai le 26 avril dernier, Auddicé proposait deux cycles d’ateliers autour de la biodiversité et de la RSE. À cette occasion, Louis-Philippe Blervacque, son président, est revenu sur le choix de ces thématiques. Il nous partage, plus largement, son regard sur la transition opérée par les entreprises du territoire vers une économie plus responsable.

 

Auddicé fête aujourd’hui ses 30 ans, Réseau Alliances, dont vous êtes administrateur, aura 30 ans l’année prochaine. Quel regard portez-vous sur la transition du monde de l’entreprise vers davantage de durabilité ? 

Louis-Philippe Blervacque : Très clairement, nous allons dans le bon sens, mais nous n’y allons pas assez vite. C’est l’objet de cette journée : partager un certain nombre de clés pour donner envie aux entreprises et aux collectivités de s’engager, pour aller plus loin sur ces sujets, et leur montrer ce qu’elles ont à gagner, tout en restant positif. 

 

La région a toujours été précurseur et avant-gardiste, notamment avec rev3 : comment voyez-vous son évolution ? Sur quoi doit-on s’appuyer pour continuer à être innovant ?

LPB : La région a été avant-gardiste et précurseur car elle a beaucoup souffert des précédentes révolutions industrielles. C’est d’ailleurs pour cela que nous sommes la région dans laquelle les premiers corridors écologiques et la trame verte et bleue ont vu le jour, et puis, petit à petit, nous en sommes arrivés à la démarche rev3, la 3e révolution industrielle. Aujourd’hui, le facteur déterminant, le point fort, c’est le collectif : la région a cette capacité de réunir un collectif composé de représentants des entreprises, des collectivités, de l’enseignement et de la recherche, les associations, la société civile. Pour moi, c’est une clé de réussite importante.

 

Votre métier consiste à avoir toujours une « longueur d’avance » : quels sont les signaux faibles que vous percevez aujourd’hui et sur lesquels les entreprises doivent s’engager ?

LPB : Il faut réfléchir à un autre modèle de développement et travailler sur des sujets d’économie circulaire. S’agissant des signaux faibles, je pense par exemple au métabolisme territorial : comment les acteurs d’un territoire travaillent ensemble, et font en sorte de valoriser les ressources à l’échelle de la région. Ces ressources, ce sont les ressources humaines, les femmes et les hommes, mais cela peut être un établissement de recherche, avec qui l’on peut travailler. Ce sont aussi tout ce que nous allons produire à partir de l’énergie, l’eau, le solaire, les ressources agricoles, celles issues du recyclage. L’idée est de pouvoir valoriser toutes ces ressources sur le territoire, en travaillant mieux ensemble.

 

Au sein d’Auddicé, votre démarche RSE se veut volontariste. En quoi sert-elle à fédérer vos collaborateurs ? Comment la déployez-vous à leurs côtés ?

LPB : Dès le départ, cette démarche a fait partie de notre ADN, et cela est dans la nature de nos activités. Mais cela ne suffit pas. Ce n’est pas parce que l’on accompagne des entreprises et des territoires dans la prise en compte des enjeux environnementaux que l’on est exemplaire. Justement, nous avons eu ce souci d’être exemplaire. J’avais une vraie volonté de dynamiser cela, et j’ai eu la chance de pouvoir m’entourer de collaborateurs qui portent ces mêmes valeurs. Nous nous sommes trouvés et c’est ce qui nous permet de continuer dans cette voie-là. 

 

Vous organisez aujourd’hui les Rencontres Entreprises Territoires Développement Durable. Deux thèmes sont à l’honneur : la RSE et la biodiversité. Pourquoi ces sujets-là précisément ?

La biodiversité revêt une importance déterminante à travers notamment toutes ses fonctionnalités. Aujourd’hui, ces sujets ne sont pas suffisamment mis en avant, et pourtant, ils sont particulièrement liés à l’Homme et à toutes nos activités. Il nous paraissait important de le rappeler, et surtout de proposer des leviers pour agir, de montrer que nous avons le pouvoir d’agir dans notre entreprise, notre collectivité… Sur la RSE, il y a une actualité européenne forte, avec le Pacte vert et sa déclinaison : les entreprises vont devoir produire un rapport de durabilité et nous voulions les en informer et leur donner quelques clés pour y aller. Mais nous souhaitions surtout leur donner envie d’aller plus loin et de s’engager dans une démarche gagnant-gagnant, de bâtir un projet d’entreprise qui a du sens, qui sera attractif pour les talents, qui va faire en sorte que l’entreprise se développe durablement, avec un projet motivant qui respecte les enjeux actuels. Nous l’avons vu aujourd’hui, il faut agir vite et avoir une massification très rapide de ces démarches.