Du local au global, comment le fonds de dotation de Nausicaá fait entendre la voix des océans

Créé en 2018, le fonds de dotation de Nausicaá vise à soutenir et amplifier toutes les actions préservant l’Océan. La structure travaille aussi bien au niveau local qu’international, embarquant la jeunesse comme les acteurs économiques sur ses sujets. Avec l’ambition de rendre une forme de souveraineté à l’océan. Rencontre avec Matthias Paschal, Responsable du Mécénat et des Partenariats.

En 2011, Nausicaá, à travers son exposition « Histoires d’îles », donnait la parole aux peuples insulaires, expliquant les défis environnementaux auxquels ils étaient confrontés et les solutions pour y faire face. En 2023, ce qui était de l’ordre du défi est devenu réalité, à l’image des îles Tuvalu qui bénéficient depuis fin 2023 de l’asile climatique auprès de l'Australie. Face à cette urgence climatique, Nausicaá a décidé d’amplifier ses actions. « Nous souhaitions aller plus vite et intervenir plus fort. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons créé le fonds de dotation. En plus de la sensibilisation, nous souhaitions soutenir des actions concrètes » explique Matthias Paschal. Le fonds de dotation travaille actuellement sur la restauration des marais salés en baie d'Authie. « Ces écosystèmes stockent entre 5 à 10 fois plus de carbone que les forêts et nous manquons de données sur ce sujet. Ce sont de véritables puits de carbone bleus. Nous travaillons en partenariat avec le laboratoire L.O.G. de Wimereux pour étudier leurs potentialités. Les digues actuellement installées vont être détruites pour que les marais puissent se recréer. Nous allons pouvoir ensuite mesurer le carbone stocké et le temps que cela prendra ». Ce programme, qui s’inscrit dans un dispositif européen, sera déployé pendant trois ans. « Les marais salés ont beaucoup de vertus, mais souffrent d’une mauvaise image. Ils sont, par exemple, nécessaires dans la lutte contre les inondations. Il y a tout un travail de sensibilisation à mener » ajoute Matthias Paschal.

Un tour du monde de la jeunesse en 24h !

Les actions du fonds de dotations se veulent aussi locales que globales. Cette année, Nausicaá mobilise la jeunesse au niveau international, avec la volonté d’envoyer une délégation à Nice pour la Conférence des Nations unies sur l’Océan organisée avec le Costa Rica en juin 2025. « Des cycles d’ateliers vont être organisés autour de cinq sujets : les abysses et la haute mer, la baisse de la biodiversité, la lutte contre le réchauffement climatique, la pollution, et les solutions fondées sur la nature. Pendant trois heures, les jeunes vont échanger sur une de ces thématiques, puis le relais sera pris par une autre équipe de jeunes sur un autre continent, ce qui fait que, en 24 heures, des groupes de jeunes du monde entier auront réfléchi à des solutions. Cela donnera un aperçu des enjeux et des préoccupations de chaque continent ». Plusieurs propositions seront ensuite rédigées et présentées aux chefs d’État lors de la Conférence des Nations unies. « Notre ambition est que les jeunes puissent avoir du temps de parole et que leurs idées soient les plus répendues possible » ajoute Matthias Paschal.

Transformer l’économie

Et si le fonds de dotations travaille avec la jeunesse, il n’en n’oublie pas pour autant le secteur économique. À travers son dispositif Tremplin de l'Économie Bleue, le fonds de dotation investit dans des start-ups innovantes. « La dimension économique est tout aussi importante que la sensibilisation et la préservation. Cela ne sert à rien de restaurer un écosystème si l’économie le détruit. D’où notre objectif de transformer l’économie en investissant dans des startups qui proposent un modèle plus vertueux, et qui protègent les océans ». Lineup Ocean, qui travaille sur la résilience côtière grâce à la fabrication de récifs artificiels permettant de faire revenir les écosystèmes, et Paradoxal Surfboards fabricant de planches de surf à partir d’algues d’échouage, ont été retenus lors de la première édition. Le prochain appel à candidatures se clôturera en juin 2024. « Pourquoi nous investissons ? Car si ces entreprises font des bénéfices, nous allons réinjecter ces fonds dans d’autres projets. C’est un cycle vertueux, qui viendra pérenniser le financement. C’est une sorte de fonds souverain : un financement pour les océans par les océans » conclut Matthias Paschal.