Mobilités alternatives : le Parc naturel régional de l’Avesnois développe l’écoconduite

Dans la continuité d’une expérimentation menée avec une cinquantaine d’habitants, le Parc naturel régional de l’Avesnois propose aux entreprises et aux collectivités d’installer des boitiers connectés pour initier les collaborateurs à l’écoconduite. Un premier pas vers la mobilité partagée, que nous explique Christophe Legroux, Responsable du pôle écocitoyenneté. 

 

Encourager les mobilités alternatives. Avec 80 % des déplacements pendulaires effectués en voiture, le Parc naturel régional de l’Avesnois a souhaité accompagner les habitants à repenser leurs déplacements. « La mobilité s’est imposée comme une problématique importante dans les territoires ruraux, où il y a une dépendance forte à la voiture. Pour répondre aux besoins de mobilité de chacun, il fallait trouver une autre façon de faire » explique Christophe Legroux, Responsable du pôle écocitoyenneté. Si le parc n’est pas un opérateur de mobilité, il travaille au quotidien sur le changement de comportements. « L’objectif n’est pas de condamner la voiture, mais d’optimiser son usage ».

 

En 2018-2019, une expérimentation a été menée avec 47 habitants de la ville d’Anor. Équipés de boitiers connectés WeNow, ils ont pu expérimenter l’écoconduite pendant un an. « Le conducteur dispose de trois informations : la quantité de carburant consommée, la quantité de CO2 émise ainsi qu’un coaching personnalisé pour progresser dans son comportement. Pour mener à bien cette expérimentation nous nous sommes appuyés sur la startup WeNow ». Avec 800 000 kilomètres effectués, les résultats sont probants : 17 tonnes de CO2 évités, 13 % de réduction des consommations de carburant effectuée, soit une économie de 10 000 euros. Fort de ce bilan, le Parc a souhaité aller plus loin. « Ce qui est complexe, c’est qu’il est difficile d’avoir une dynamique collective, les habitants n’étant pas toujours disponibles en même temps. Nous nous sommes donc tournés vers les entreprises et les collectivités du territoire pour mener une deuxième expérimentation ». Les structures participantes sont ainsi invitées à proposer le boitier à leur collaborateur.  

 

Des éco-points pour augmenter le pouvoir d’achat

Le coût de chaque boitier s’élève à 8 euros par mois, à la charge de l’entreprise ou de la collectivité. La moitié est dédiée aux coûts de gestion, le reste finançant l’équivalent d’un fonds de compensation carbone. « Avec ces 4 euros, nous disposons d’une enveloppe d’environ 48 000 euros la première année. Cela va nous permettre d’acheter des arbres fruitiers, d’éditer des bons d’achat de 5 à 7.50 euros. Chaque éco-conducteur pourra en bénéficier en l’échange d’éco-points ». Car les personnes bénéficiant de l’application seront coachées pour améliorer leur conduite. Chaque trajet sera scoré, les points récoltés devenant une monnaie virtuelle. « Nous sommes dans une logique de donner un pouvoir d’achat supplémentaire au collaborateur. En plus des économies de carburant réalisées, ces points pourront également permettre aux conducteurs d’aller dans des équipements culturels de la région. Nous sommes en train de monter des partenariats avec des scènes nationales, des musées pour leur permettre d’échanger ces points contre des accès à ces structures » ajoute Christophe Legroux. Le parc est actuellement en train de solliciter des entreprises et collectivités du territoire, et espère atteindre les 1 000 boitiers connectés.

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La démarche est gagnant-gagnant, y compris pour l’entreprise. Car en échange de leur mobilisation, les entreprises participantes seront accompagnées par Réseau Alliances dans leur Plan de Déplacement Entreprise (PDE). « Nous mènerons ensuite une campagne de communication invitant chacun à rejoindre le territoire. C’est un plus pour les entreprises participantes en termes d’image. Et nous invitons d’autres organisations à rejoindre cette dynamique collective ». Le parc travaille ainsi autour du triptyque « sensibiliser, outiller et donner une place d’acteur ». Une manière de tendre vers les mobilités partagées. « La question est de savoir comment on embarque la population sur les mobilités partagées, en encourageant les éco-conducteurs à aller encore plus loin, sur le covoiturage par exemple. Si des liaisons régulières se mettent en place, si l’habitant prend le relais, l’économie générée sur le service public qui aurait pu être mis en place, à travers des lignes de bus par exemple, pourra être réinjectée dans d’autres services publics ». Car en sensibilisant, en outillant et en donnant à chacun un rôle à jouer, le parc naturel régional de l’Avesnois agit sur l’ensemble des enjeux : sociaux, environnementaux et sociétaux. Une dynamique qui, elle, n’est pas prête à décélérer.