Le Club Noé organisait le 12 février à la Cité des Echanges sa séance plénière sur le thème de l’innovation durable. Trois adhérents, Les Fabricants, SIA Habitat et ShareandSmile, sont venus partager leurs témoignages et échanger avec le public.
A l’inverse d’une définition restreinte centrée sur le produit et la technologie, l’innovation durable que promeut le Club Noé repose sur une conception large de l’innovation. Elle peut être organisationnelle, servicielle et sociétale, et aspire à faire converger les enjeux sociaux, environnementaux et économiques.
Pour Benjamin Dequevauviller des Fabricants qui développe pour les entreprises des applications métiers sur-mesure, cette trajectoire d’innovation s’est déployée à partir d’une réflexion sur leur offre de service. Pour sortir d’un modèle de facturation à l’heure de travail où le client est poussé à augmenter le volume de sa consommation, Les Fabricants ont souhaité développer une offre de contrat de maintenance où le bénéfice des heures non-consommées est partagé entre le client et le prestataire.
Pour Romain Demissy, intervenant-chercheur associé chez ATEMIS, il s’agit d’une innovation ambitieuse qui vient bousculer la relation prestataire/client, et qui implique un changement de regard sur la valeur du travail qui ne s’évalue plus d’après une logique de volume.
« On a besoin de déconstruire le mode de pensée du client. C’est une innovation beaucoup plus ambitieuse que l’innovation technologique. (…) Il s’agit de faire penser autrement et de trouver des mécanismes pour embarquer les clients avec nous ».
Pour Laurent Logez, de SIA Habitat, c’est à partir d’une nouvelle vision stratégique de l'entreprise et de la rencontre avec Réseau Alliances que le processus s’est amorcé.
Sa trajectoire dans l’EFC a commencé à son insu, alors que le secteur du HLM était en pleine mutation. « Si nous voulions devenir le bailleur social de demain, il fallait passer de la logique -Construire et gérer- à celle d’acteur de cohésion sociale.»
Laurent Logez a suivi avec une partie de son équipe une initiation à l’Economie de la Fonctionnalité et de la Coopération avec Réseau Alliances et le Club Noé, ce qui a permis à SIA de faciliter son passage d’une vision basée sur la notion de l’Habitat à celle de l’Habiter.
A la suite de cette initiation, un collaborateur du groupe a soumis à sa direction l’idée d’un projet de mobilité ambitieux et innovant sur le territoire de la Chapelle d’Armentières. Le projet a remporté l’adhésion de sa direction et des parties prenantes.
Pour Romain Demissy « Les modalités d’innovations classiques, c’est quelques-uns avec des experts en interne. Mais ici il s’agit d’innovation par le travail. C’est le collaborateur qui fait remonter le potentiel d’innovation. C’est un potentiel monté sur l’expérience. Il est déjà éprouvé. ».
Clément Hostache, fondateur de Share and Smile et membre des Jeunes Pousses de Réseau Alliances, a amorcé cette trajectoire à partir d’un questionnement alors qu’il était prestataire de Decathlon : comment toucher les non-pratiquants dans l’offre de l'entreprise ?
Il a l’idée d’un service de prêt de matériel sportif entre particuliers pour rendre accessible à tous la découverte d’une pratique.
« On ne rend pas accessible une pratique si on ne rend pas accessible le matériel qui la permet. (…) Notre sujet c’était quelque part celui d’une forme d’utilité qui dort. Celle de la sous-utilisation de nos possessions. »
D’abord lancé au sein de Decathlon, le projet de Clément prend vite de l’ampleur. Encouragé par son employeur, il créé en 2018 une structure propre au service, Shareathlon. Mais plus qu’une trajectoire en ligne droite, le projet s’est construit comme une succession de bifurcations et de retours d’expérience.
Pour Romain Demissy c’est le travail de retour constant sur le projet qui fait avancer sur la trajectoire d’innovation. « On prend appui, non pas sur une idée géniale, mais sur des bifurcations. Cela pousse à être inventif et au contact d’autres pour trouver des modes d’ententes sur ce qui est en train de se faire. (…) C’est moins l’innovation en tant qu’objet que le processus. La dynamique EFC invite à penser en trajectoire plutôt qu’en termes d’objet et de résultat ».
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