Une Squad pour accompagner les étudiants exilés mise en place par l’Université de Lille

En partenariat avec la Métropole Européenne de Lille, l’Université de Lille a lancé mi-octobre une Squad au sein de son établissement. Sa particularité : elle s’adresse à des étudiants exilés en recherche d’un stage de fin d’année, afin de valider leur cursus. Rencontre avec Fabio Cioni, chargé de mission Responsabilité Sociale.

 

221123 squad 1Lancé en octobre dernier, l’Université de Lille a proposé à sept de ses étudiants exilés d’intégrer le dispositif Squad Emploi pour faciliter leur recherche de stage. « Nous avons décidé d’utiliser la méthode Squad Emploi pour essayer de répondre à une problématique rencontrée par les étudiants exilés que nous accueillons : celle d’accéder à des stages ou des alternances pour finaliser leurs cursus universitaires. Ces étudiants sont en manque de réseau, ils ont parfois du mal à comprendre le marché du travail français, les codes demandés pour candidater comme le CV, la lettre de motivation ou l’entretien. Ils ont également du mal à valoriser leurs anciennes expériences. Pour beaucoup, par la manière dont ils se décrivent, c’est comme si, depuis leur arrivée en France, ils repartaient d’une page blanche » explique Fabio Cioni, chargé de mission Responsabilité Sociale, à la Direction Développement Durable et Responsabilité sociale de l’Université de Lille. Sept jeunes, de la L3 au M2, ont donc intégré le dispositif après des entretiens préalables. Leurs profils sont divers : relations interculturelles, coopérations internationales, informatique, économie appliquée ou encore psychologie. Chacun est ainsi accompagné par un professionnel bénévole qui aura un rôle de mentor. Deux autres bénévoles encadrent le dispositif dans sa globalité. « Les premiers retours sont positifs : les étudiants sont contents d’avoir pu échanger avec leurs mentors. La recherche de stage est un facteur de stress, ces premiers échanges sont donc très bénéfiques. Par exemple, Mamadou, qui fait partie de la Squad, a eu d’énormes difficultés à trouver des stages en L3 puis en M1, ce qui a failli le faire redoubler. Il a aujourd’hui besoin de trouver un stage pour valider son M2 ». Car le besoin d’accompagnement est réel. « Pour poursuivre avec le cas de Mamadou, il nous a expliqué que, dans son pays d’origine, l’entretien n’existait pas. Il est donc rassuré de pouvoir être accompagné ».

 

Un tremplin pour trouver un stage

L’Université de Lille travaille avec plusieurs structures de mentorat, à l’image d’Article 1. Cette diversité d’acteurs permet d’offrir une véritable complémentarité dans l’accompagnement des jeunes étudiants. « L’avantage de Squad Emploi est le suivi à la fois dans la recherche de stage mais également dans l’accompagnement dès le début de stage. Ce qui est intéressant, c’est le réseau qui peut être mis à disposition par les mentors. Ces étudiants ont tout à découvrir, à la fois le monde de l’entreprise, ses codes, mais également la nécessité d’échanger, d’être mis en confiance, de pouvoir poser des questions. Le modèle Squad Emploi est donc intéressant dans son intégralité, et est un excellent tremplin pour trouver un stage ». L’Université de Lille facilite ainsi la mise en relation entre les mentors et les étudiants. Elle est également une interlocutrice privilégiée, un point d’entrée pour l’ensemble des acteurs de la Squad. « Nous pouvons répondre aux questions des mentors, notamment sur le fait d’accompagner des étudiants dans des situations sociales et administratives particulières. Nous proposons de la documentation, nous rassurons les entreprises. L’idée est d’intervenir sur des freins périphériques ». Chaque mentor a par ailleurs été formé et sensibilisé au préalable, afin de rappeler ce qu’est un demandeur d’asile, les erreurs à éviter, les questions à ne pas poser… « Nous allons aller plus loin, et proposer une formation mise en place avec La Cimade sur les situations juridiques, administratives et psychologiques que peuvent rencontrer les exilés. Cette formation est pour le moment destinée au personnel de l’Université, mais nous aimerions l’ouvrir aux mentors ». L’Université aimerait également développer un réseau d’alumnis. « Un de nos étudiants, qui est passé dans le dispositif, a trouvé un emploi : nous allons faire une soirée en décembre durant laquelle il pourra venir témoigner. Valoriser des parcours de pairs pourra répondre à des inquiétudes, des interrogations que rencontrent d’autres jeunes, et essayer de créer un microcosme favorable pour ces étudiants ».