Retour sur notre évènement « Pour que les invisibles d'aujourd'hui deviennent nos talents de demain »

Entreprises, structures d’accompagnement, jeunes, associations se sont réunis le 27 janvier dernier afin d’échanger autour des difficultés de recrutement qui persistent sur notre territoire, malgré un vivier de compétences invisibles, notamment dans les quartiers politique de ville. En présence de Georges-François Leclerc, préfet de la région Hauts-de-France, préfet du Nord, plusieurs témoins ont présenté leurs retours d’expérience sur le sujet.

 

Face à des entreprises qui peinent à recruter et à un chômage persistant, notamment dans les quartiers politique de la ville (QPV), Réseau Alliances, la préfecture de la région Hauts-de-France, EXAECO et le MEDEF Lille Métropole ont décidé d’organiser un après-midi dédié à ce sujet, afin que les acteurs économiques et institutionnels, les acteurs de l’accompagnement, et les jeunes puissent échanger sur le sujet. « Vous, entreprises, vous êtes en train de faire la révolution numérique, c’est admirable. La révolution de la décarbonation, là aussi, cette mutation, nous allons la réussir. Mais la transition démographique, nous sommes en train de la rater. Les salariés, vos employés, vos cadres de demain sont dans les quartiers. C’est mathématiquement là que se situe l’énergie, la démographie, le marché du travail. 815 000 personnes vont partir à la retraite dans les Hauts-de-France : retroussons-nous les manches pour aller chercher les jeunes, et notamment les jeunes issus des quartiers politique de ville » introduit Georges-François Leclerc, préfet de la région Hauts-de-France, préfet du Nord. « J’ai bien conscience que l’acte d’embauche n’est pas simple. Ce n’est guère différent qu’un acte d’investissement. Mais ce qui vous révolte, c’est que vous n’y arrivez pas, vous avez recours à l’intérim et cela ne vous permet pas de vous inscrire sur le long terme. Dans un marché du travail où la main d’œuvre se raréfie, l’acte d’embauche est plus durable. Quand vous misez sur une personne, vous souhaitez la garder ». Le préfet a ensuite présenté le dispositif d'emploi franc qui permet à un employeur de bénéficier d’une aide de 5 000 euros pour un CDI pendant trois ans (2 500 euros pour un CDD pendant deux ans) lorsqu'il embauche un salarié résidant dans un quartier politique de la ville.

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Un maillage territorial fort

Plusieurs acteurs de l’accompagnement se sont ensuite succédé sur scène afin de présenter leurs actions en présence de jeunes bénéficiaires, à l’image de Sébastien, qui a intégré l’EPIDE (Établissement pour l’insertion dans l’emploi). Le jeune homme, qui vient d’obtenir son code, devrait commencer une formation d’agent de sécurité en mars prochain. Issam, qui travaille aujourd’hui dans l’équipe diversité inclusion de Decathlon, témoignait également de ses difficultés lors de ses recherches. Le jeune homme a envoyé plus de 150 CV. « Si les recruteurs font attention à mon nom et à mon adresse, c’était que je ne devais pas bosser avec eux ! », avant d’insister sur la nécessité d’avoir une diversité et une mixité dans les postes, en prenant l’exemple d’une équipe de football qui, si elle était composée exclusivement de joueurs comme Kylian Mbappé, ne fonctionnerait pas. « Les personnes qui restent sur le côté nécessitent un accompagnement plus poussé. Il y a un maillage territorial incroyable, les associations font beaucoup de choses, et il faut faire appel à toutes ces ressources, il y en a forcément à côté de chez vous » ajoute Alexandre Jedda, Directeur Général du Pôle Interm'aide. Plusieurs entreprises témoignaient également, à l’image de Plastium, un pôle d'excellence économique qui fédère un réseau d'acteurs de la filière Plasturgie-Composites à l'échelle des Hauts-de-France. Actuellement, 10 à 15 % des postes sont non pourvus dans la filière.

 

Un groupe de travail pour avancer

« Il y a des personnes pour qui l’entreprise est invisible. La question, finalement, est qui est invisible pour qui, et il faut travailler ensemble » insiste Thierry Cardinael. « L’entreprise n’est pas là pour régler les problèmes sociaux. Elle est là pour créer de la valeur, il faut avoir quelque chose de très fluide, car elles ont envie. Deux choses me paraissent importantes à ajouter : c’est complexe, il faudra faire de la dentelle, et il faudra également accepter l’échec » ajoute Marie-Hélène Foubet, Déléguée Générale de Réseau Alliances. Les participants ont ainsi été invités à se positionner pour s’engager dans un groupe de travail. Celui-ci élaborera un cahier des charges d’ici fin mars afin de créer un outil pour faciliter la mise en relation entre structures d’accompagnement de terrain et les entreprises. « Nous sommes aussi là pour être des facilitateurs, mais il y a des freins à lever » ajoute Sonia Hasni, sous-préfète en charge du territoire roubaisien. Les structures ont également pu indiquer leurs besoins de recrutement. Car comme le souligne Jean-Pierre Letartre, président du Réseau Alliances dans sa conclusion « L’inclusion n’est pas une question sociale, c’est un impératif économique ».