En ce début d'année, l'urgence environnementale s'affirme comme un défi incontournable pour les entreprises, les incitant à repenser leurs pratiques et à intégrer des stratégies durables. C'est dans ce contexte que 27 entreprises ont choisi d'investir dans leur avenir en suivant avec assiduité les deux premiers modules du nouveau programme d’accompagnement "Stratégie climat et Bilan Carbone" en cette fin d'année 2023.
Accompagnées par 6 experts dévoués des Hauts-de-France, ces entreprises ont adopté une démarche proactive, conscientes des enjeux cruciaux qui découlent de la nécessité de réduire leur empreinte carbone. Retour sur les réflexions inspirantes qui ont animé les échanges de ce dispositif alliant analyse et passage à l’action pour une économie décarbonée.
Une expertise régionale au service de la transition des entreprises
Lors du premier module, les participants ont exploré les origines et les manifestations des dérèglements climatiques dans les Hauts-de-France. Coanimée par le Cerdd et l’ADEME au sein de la Maison des Mobilités Durables, cette matinée a permis à l’ensemble des participants de se forger une compréhension approfondie des enjeux, tout en esquissant les contours d'une entreprise résiliente et sobre, prête à relever les défis climatiques à venir.
Le second module se focalisait quant à lui sur la méthodologie inhérente à la réalisation d’un Bilan Carbone. L’occasion pour les participants de saisir le périmètre et la méthode d’élaboration de cet outil de mesure et de pilotage, pour mieux l’appréhender au quotidien.
Proposée le 14 décembre dernier, il s’est déroulé dans les locaux de Junia, école d’ingénieur, qui a introduit la demi-journée de formation par la présentation de sa démarche RSE. Sensibilisation au handicap par des entreprises, certification ISO 14001 et réduction de 38 % de consommation d’électricité en 2023, ou encore parcours gamifié de formation aux enjeux de la transition écologique, cette « grande école des transitions » établit également son Bilan Carbone depuis les années 2010.
Quelques participants présents avaient déjà eu l’occasion - ou sont sur le point - de réaliser un Bilan Carbone. Venus bénéficier de l’échange de bonnes pratiques qu’offre ce type de rencontre, ils ont pu partager leurs réflexions et conseils à ce sujet aux nombreux néophytes souhaitant initier, orienter et piloter cette démarche. « Les exigences réglementaires vont de plus en plus contraindre les entreprises à prouver leurs démarches, spécifiquement à travers des exercices comptables. Il faut s’y mettre dès maintenant. » évoque l’un d’entre eux.
Pour permettre à chacun de s’approprier cet outil à travers sa méthodologie, trois professionnels du territoire ont mené les échanges selon leurs axes d’expertise. Auddicé, bureaux d’études et de conseils et formation en environnement, a rappelé les grands objectifs du Bilan Carbone, en partant de la mesure des émissions de carbone équivalent. « Le but est de raisonner en ordre de grandeur pour avoir une visualisation des postes les plus importants, et non de réfléchir au kilo de CO2 près. » partage Garance ANDRIN, consultante en climat et énergie de la structure. À travers les 10 postes d’émissions établies par la méthode, cette dernière explique qu’il faut savoir prioriser les postes et flux sur lesquels travailler. « Le but est d’estimer en amont les postes qui ont le plus d’impact pour réduire au mieux ses émissions de gaz à effet de serre. » complète-t-elle.
Une approximation qui a tendance à créer de l’insatisfaction pour ses initiateurs. « L’objectif du Bilan Carbone est de mettre en place une stratégie de décarbonation. Il ne faut pas s’arrêter à la frustration de l’inexactitude des données, car l’incertitude ne doit pas empêcher l’action. » rappelle Sophie BELLET, consultante chez Imagine une Histoire, qui accompagne les organisations dans leur projet de transformation. « C’est un diagnostic, un point de départ pour aller vers la mise en œuvre d’une démarche de réduction des émissions de gaz à effet de serre. » poursuit Hélène HOCHART, cheffe de projet RSE chez GreenFlex, service de conseil en environnement. « Les flux nécessaires à l’activité de l’entreprise vont permettre de définir le périmètre sur lequel on va réaliser le Bilan Carbone. »
S’approprier la méthode pour une transition adaptée au besoin de l'organisation
Richard HUET, chargé de mission développement durable du GAPAS, a pu exposer la démarche de transition de l’association, qui vise à devenir un acteur de référence en la matière. Il est revenu sur la mise en place de Bilans Carbones à l’échelle des 40 établissements et services, réalisés à partir de 12 postes d’émissions sur les 23 proposés par l’outil. « Nous avons fait notre propre cartographie. » explique-t-il. « Le bilan carbone permet aussi de voir les émissions que l’on évite. Cela vient poser la table des sujets que l’on ne voyait pas avant, et que l’on va venir négocier auprès de prestataires. »
En réponse au guide méthodologique de l’ABC reprenant chaque étape de la mise en œuvre d’un Bilan Carbone, les participants ont également pu faire part de leurs questionnements et points de blocages. « Comment réussir à faire changer, de manière indirecte, les personnes liées à notre activité sur lesquelles nous n’avons pas de poids ? » évoque une participante. « La politique de changement doit être adossée à l’outil, car elle permet de mettre en action la stratégie climat auprès des différentes parties prenantes. » conclut Sophie à la suite de la restitution d’un atelier de codéveloppement sur le sujet, venu clore cette matinée enrichissante.
Ces deux demi-journées ont constitué un prélude stimulant pour les entreprises engagées dans cette démarche, amorçant ainsi la série de modules qui se déploieront au cours de 2024. La prochaine session se focalisera sur la manière d’engager une démarche de transformation grâce à l’outil. Un rendez-vous incontournable pour toutes les entreprises désireuses de transformer les défis climatiques en opportunités durables !