Comment réconcilier performance économique, sociale et environnementale, tout en faisant « tourner sa boite » ? Convaincu que d’autres modèles sont possibles, l’Institut Européen de l’Économie de la Fonctionnalité et de la Coopération a créé la Fresque de la Transition Économique, qui, au-delà de son aspect ludique, vise à requestionner notre modèle et nos croyances actuels, tout en débattant sur les alternatives possibles, « sans jugement ». Rencontre avec Marion Duwat, cofondatrice de Debunk et co-créatrice et animatrice de la Fresque.
Développé par l’Institut Européen de l’Économie de la Fonctionnalité et de la Coopération, la Fresque de la Transition Économique est un outil ludique qui vient questionner et interroger les dirigeants sur le modèle économique de leur entreprise et les alternatives possibles. Sans jugement, dans un esprit de débat, l’idée est d’ouvrir la discussion autour de ces sujets. « Il y a beaucoup d’injonctions sur le « faire autrement » pour le dirigeant » explique Marion Duwat, cofondatrice de Debunk et co-créatrice et animatrice de la Fresque. « Tout le monde parle de développement durable, et sous différents angles. Mais pour le chef d’entreprise, c’est peu audible. Nous avons pris le parti de développer une Fresque, et d’utiliser le format du jeu, pour d’une part se questionner sur ce que nous faisons, ce que nous voudrions arrêter, sur la provenance de nos croyances et le pourquoi nous agissons de cette manière, et d’autre part nous interroger sur le « où nous pourrions aller », en regardant d’autres modèles. Quelles que soient vos convictions, l’idée de la Fresque est de regarder le modèle et le système actuels, de voir que d’autres font autrement. Et, pourquoi pas, générer un déclic ».
Une zone grise
Même si plusieurs modèles alternatifs sont présentés, la Fresque prend le parti de l’Économie de la Fonctionnalité et de la Coopération (EFC), un « prétexte à la discussion ». Sont observés des items comme le rapport au travail, la promesse client, la coopération, la valorisation, la contractualisation. « Nos lunettes EFC permettent de regarder les entreprises sous cet angle. Et d’ouvrir la discussion. Nous avons par exemple des cartes conséquences, positives et négatives, qui passent à la loupe aussi bien le modèle actuel que les modèles alternatifs. Nous regardons ce que ces modèles permettent, les risques encourus. Il n’y a pas de modèles parfaits, mais la soutenabilité est possible. La Fresque ne donne pas de leçon, mais de solides pistes de réflexion. Cela met dans une zone grise » ajoute Marion Duwat. La Fresque a été conçue avec le soutien de l’ADEME, d’ATEMIS, du Club Noé, du Club Terres EFC Occitanie et des autres clubs EFC et du CJD France. Elle a été testée pendant un an. « Les premiers retours que nous avons eus mettent en avant un double effet. L’expérience est déstabilisante pour certains dirigeants, plus ou moins convaincus, sachant que nous accueillons tous les dirigeants. Il y a une prise de conscience, notamment grâce à l’apport de connaissances sur des aspects historiques : ce qui était bien il y a 200 ans n’est peut-être plus vraiment adapté aujourd’hui. La Fresque est surtout un premier levier. Derrière, si un dirigeant souhaite poursuivre sa réflexion, il existe des espaces, des ressources pour continuer ». Il est également possible de devenir animateur, sous réserve d’avoir participé à une Fresque et d’être initié à l’Économie de la Fonctionnalité et de la Coopération.
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