Retour sur l’atelier : comment accompagner la fin de carrière et le maintien dans l’emploi des collaborateurs seniors

Le 11 octobre dernier, Réseau Alliances organisait un atelier d’échange de bonnes pratiques sur l’accompagnement de la fin de carrière et le maintien dans l’emploi des collaborateurs seniors. Cet événement a réuni des experts et des entreprises pour discuter des solutions innovantes, comme le mécénat de compétences, permettant de faciliter cette transition professionnelle.

 

Selon l'Insee, près de 8 millions de départs en fin de carrière ont été enregistrés entre 2010 et 2020. L’emploi des seniors demeure un sujet complexe : à partir de 50 ans, les collaborateurs sont souvent perçus comme moins employables, une réalité soulignée par un taux d'emploi des 60-64 ans de seulement 36 %. La question du mécénat de compétences est apparue comme l’une des solutions pour assurer une transition harmonieuse vers la retraite tout en valorisant les compétences des seniors.

Cyrille Roquette, co-fondateur d'Impulso, a ouvert les échanges en partageant sa vision du mécénat de compétences, qu'il souhaite moderniser pour répondre aux enjeux actuels. Ce concept, qui consiste à mettre à disposition des collaborateurs au service d’organismes d’intérêt général, permet d’envisager une transition progressive vers la retraite, tout en donnant un sens nouveau à cette période de vie. Le mécénat de compétences offre ainsi un double bénéfice : il renforce l'impact social des entreprises tout en permettant aux collaborateurs d'exercer leurs compétences dans un cadre solidaire. Un exemple concret a été donné par Cofidis, qui via la plateforme "Vendredi", permet à ses employés de s’engager ponctuellement dans des missions pendant leurs heures de travail. Une initiative qui illustre bien la différence entre mécénat de compétences (réalisé sur le temps de travail) et bénévolat (hors temps de travail).

 

Freins et solutions pour un accompagnement réussi

Le mécénat de fin de carrière n’est pas encore répandu. Cyrille Roquette a souligné le manque de connaissance autour de ce concept, particulièrement dans le contexte des départs en retraite. Beaucoup d’entreprises sont freinées par la complexité de la mise en place, notamment en raison des coûts ou des tensions sociales internes qui pourraient figer ces initiatives. Pourtant, des exemples montrent que le mécénat de fin de carrière offre des avantages tant pour les entreprises que pour les collaborateurs. Un exemple marquant partagé lors de l’atelier concerne un collaborateur senior chez Auchan. Celui-ci, en fin de carrière et porteur d'un handicap, a pu mettre à profit ses compétences en informatique pour développer un logiciel en partenariat avec une association. Ce type de projet montre comment le mécénat de compétences peut améliorer la transition vers la retraite et apporter une contribution significative à des causes sociales. Plusieurs avantages ont été discutés lors de l’atelier. Parmi eux, le fait de prendre soin des collaborateurs jusqu'à la fin de leur carrière. Cette planification permet de réaliser des économies à long terme et d'améliorer l'image de marque de l'entreprise, un atout important pour attirer de jeunes talents. En effet, une étude a montré que 80 à 90 % des jeunes candidats considèrent la réputation d'une organisation comme un critère majeur dans leur choix professionnel.

 

Vers une évolution nécessaire des pratiques

Des échanges ont également porté sur les solutions à envisager pour mieux accompagner les collaborateurs seniors. Parmi celles-ci, l’importance d’une communication bienveillante pour évoquer le mécénat de fin de carrière avec les employés a été soulignée. Des exemples comme celui de la BNP, qui incite ses collaborateurs à proposer leurs associations de mécénat tout en garantissant un accompagnement bien structuré, montrent qu'il est possible de réussir cette transition.

L’atelier a mis en lumière que le mécénat de compétences ne se limite pas à un engagement solidaire ; il constitue aussi une stratégie gagnante pour les entreprises et leurs collaborateurs seniors. Cependant, il reste du chemin à parcourir pour rendre ce dispositif plus accessible et mieux compris, notamment dans un contexte où la population active vieillit et où les départs à la retraite se multiplient.

 

Compétences et Emploi : des dispositifs pour une transition en douceur

L’atelier a également permis de souligner l’accompagnement proposé par Compétences et Emploi, sous la direction de Nathalie Hespel, pour soutenir les fins de carrière. Cette organisation encourage l'utilisation d'outils tels que le Compte Épargne Temps (CET) et la retraite progressive pour favoriser une transition harmonieuse vers la retraite. Le CET permet aux salariés d’épargner différentes sortes de rémunérations (13ème mois, prime d’intéressement, d’ancienneté, heures supplémentaires) ainsi que leurs jours de repos pour alléger progressivement leur charge de travail en fin de carrière. La retraite progressive offre une solution flexible, permettant aux collaborateurs en fin de carrière de travailler à temps partiel et de toucher une partie de leurs pensions de retraite. Ces dispositifs offrent aux collaborateurs la possibilité de rester actifs tout en préparant sereinement leur retraite, renforçant ainsi l’engagement des entreprises pour le bien-être de leurs seniors.