Sexisme au travail : un phénomène persistant à déconstruire ensemble

Le 18 mars 2025, Réseau Alliances accueillait un atelier de sensibilisation sur le sexisme ordinaire en entreprise, animé par Maleka Dilmi du CORIF. Une matinée d’échanges, de données chiffrées et de réflexions sur les mécanismes du sexisme au quotidien.

 

Identifier, nommer, comprendre : les bases pour mieux agir

Blagues déplacées, remarques sur l’apparence, stéréotypes liés à la parentalité : le sexisme ordinaire s’insinue dans les interactions quotidiennes en entreprise. Dès l’ouverture de l’atelier, l’intervenante a posé un cadre clair : distinguer sexisme, agression et harcèlement est indispensable pour agir efficacement. "On confond souvent ces notions, or juridiquement elles relèvent de définitions différentes et nécessitent des réponses adaptées", a rappelé Maleka Dilmi. 

Pour appuyer ses propos, elle s’est référée au rapport 2024 du Haut Conseil à l’Égalité, soulignant l’ampleur du phénomène. 94 % des femmes âgées de 30 à 44 ans estiment qu’il est plus difficile d’être une femme aujourd’hui qu’en 2023. 

Pour illustrer que le sexisme touche également les hommes, trois hommes sur dix déclarent avoir été confrontés à des propos stigmatisants au sujet de la paternité. La diversité des expériences partagées met en lumière l’importance de déconstruire les stéréotypes de genre dans toutes leurs dimensions. 

L’atelier a également insisté sur la complexité des mécanismes en jeu. De nombreux participants ont partagé leurs interrogations : comment corriger un propos déplacé sans nuire à la convivialité ? Comment faire la différence entre familiarité et comportement inapproprié ? Les échanges ont permis de rappeler qu’une culture d’entreprise respectueuse repose sur une écoute active et un cadre clair.

 

Prévenir le sexisme : une responsabilité partagée

Au-delà du constat, l’atelier a mis l’accent sur les leviers d’action. Le CORIF accompagne chaque année une quinzaine de structures publiques et privées, en proposant un appui à la mise en conformité avec la loi, des formations, et la mise en place de protocoles complets d’accompagnement des victimes et des auteurs. "Il ne suffit pas de déplacer un collaborateur auteur de propos sexistes : encore faut-il l’accompagner pour comprendre, évoluer, et éviter la récidive", a insisté Maleka Dilmi.

Les participants ont aussi été invités à participer à un jeu de cartes pédagogique, conçu pour identifier les différentes formes de sexisme au travail. Cette mise en situation a suscité des échanges riches sur les interprétations possibles de certaines phrases ou comportements, et sur les idées préconçues qui les influencent. 

L’intervenante a également précisé une distinction souvent négligée : la différence entre mixité et égalité. Favoriser la mixité dans les métiers ne garantit pas une égalité réelle en matière de responsabilités, de rémunérations ou de traitement. De même, une politique RSE ambitieuse n’implique pas automatiquement une stratégie égalitaire.

Enfin, le témoignage du Crédit Mutuel a permis d’ancrer ces réflexions dans une démarche concrète. Tiphaine Jouglet, chargée de mission RH, a partagé les actions mises en place pour sensibiliser les équipes et structurer une politique interne sur les questions d’égalité femmes-hommes, harcèlement et sexisme.

L’atelier a souligné l’importance d’agir à tous les niveaux : gouvernance, encadrement, collaborateurs et collaboratrices. Et pour cela, il est indispensable de s’appuyer sur des outils adaptés, des formations et un engagement collectif.