Retour sur notre édition du World Forum Artois

Gouvernance, financement, initiatives entrepreneuriales et territoriales : la deuxième édition du World Forum Artois proposait un temps de prise de recul sur le sujet de la mobilité durable. En présence d’élus, d’entreprises, d’acteurs du monde institutionnel et d’experts, les participants ont pu échanger sur leurs enjeux et leurs réalités du quotidien.

251015 wf artois« Ce que je ne veux plus entendre ? Le fait de créer un aménagement sans penser à la mobilité ». Interrogés par Jean-Michel Lobry, les participants ont pu, en préambule de cette deuxième édition arrageoise du World Forum, s’exprimer sur leurs attentes, leurs idées et leurs enjeux sur ce sujet : développement de l’offre de transport, dimensionnement des réseaux électriques, fiabilité des solutions de mobilité, report modal…

Trois étudiants du M2 Développement des Territoires, Aménagement et Environnement de l’Université d’Artois ont ensuite partagé leurs travaux portant sur la mobilité des salariés, des personnes vulnérables et sur les villes et villages apaisés, appliqués au périmètre du SCOT de l’Arrageois. « 76 % des salariés sont des autosolistes » explique l’un des étudiants, avant de partager quelques préconisations comme la coproduction des plans de déplacement des entreprises, en lien avec les collectivités. « Cela permettrait de travailler sur des voies covoiturage ou sur les aménagements des horaires des transports en commun par exemple ».

Réinventer la gouvernance

L’Ademe a ensuite présenté les différents scénarios issus d’un travail prospectif mené sur les mobilités dans les Hauts-de-France. « Ces scénarios se veulent systémiques : chacun d’entre eux a ses propres conditions, mais tous mènent à cet objectif de neutralité carbone à horizon 2050. Ce sont des scénarios de rupture avec la tendance actuelle, car celle-ci ne nous y emmène pas. Nous avons identifié cinq leviers pour y parvenir : la demande de transport, avec des déplacements plus courts et moins loin, le report modal, le taux de remplissage, l’efficacité énergétique et l’intensité carbone » explique Mathieu Chassignet, ingénieur mobilités durables à l’Ademe. Une quarantaine d’ateliers ont également été organisés avec des décideurs et des citoyens, afin de recueillir leurs avis. « Les scénarios les plus contraignants sont d’ailleurs les préférés des citoyens ».

En prolongement de ces résultats, Jean-Pierre Letartre, Président du Comité Grand Lille et Philippe Hourdain, Président de la CCI Hauts-de-France, ont partagé les principaux enseignements d’un livre blanc consacré à mobilité durable dans les Hauts-de-France. « C’est une contribution d’intérêt général, car travailler la mobilité, c’est travailler pour l’intérêt de tous » explique Philippe Hourdain. « Il y a beaucoup d’expérimentations menées à petite échelle, comme celle sur le covoiturage à Lille. Il faut désormais densifier et étendre ces initiatives. 80 milliards d’euros vont être investis entre Maubeuge, Dunkerque, Lille, Arras, Béthune et Valenciennes. Il est nécessaire d’y intégrer la question de la mobilité en agissant à l’échelle de cette aire métropolitaine, et en y associant une gouvernance partagée » ajoute Jean-Pierre Letartre.

Un sujet fondamentalement pluridisciplinaire

« Quand nous regardons les grands rapports français et européens sur le sujet de la mobilité, nous parlons de 100 milliards d’investissements publics et privés par an, entre 2035 et 2050. Il y a deux grands besoins : celui de la compétence et de la maîtrise d’ouvrage, avec cet enjeu de visibilité pour les entreprises sur la solidité des financements et des politiques, et celui des financements » explique Thierry Dallard rapporteur - rédacteur du TDIE. Claire Rais Assa, Directrice adjointe du développement des transports territoriaux pour la Société des grands projets est ensuite revenue sur le Service Express Régional Métropolitain, un projet de mobilité ferroviaire, évoquant – entre autres - les enjeux de financement.

« Les problématiques sont très différentes entre le transport de marchandises et celui des personnes. Elles sont à prendre en compte lorsque l’on flèche de l’investissement public. Cela nécessite de traiter le sujet de manière globale : logement, emploi, énergie… La mobilité est un sujet fondamentalement pluridisciplinaire » ajoute Edouard Dequeker, expert du développement territorial et co-auteur de « Réussir la décarbonation des mobilités dans les territoires ».

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La parole aux élus

La dernière séquence de la matinée donnait la parole aux élus du territoire : Frédéric Leturque, Président de la CU d'Arras et Sylvain Robert, Président de la CA Lens-Liévin. « Nous devons être dans une dynamique collective, où chacun doit comprendre les contraintes des uns et des autres » explique Frédéric Leturque. « La gare d’Arras, ce sont 5 millions de voyageurs par an. C’est d’ailleurs la gare dont la fréquence a le plus augmenté ces cinq dernières années sur la région. Nous travaillons sur un Masterplan de la gare, pour en faire un vrai lieu de vie, avec un hub des mobilités qui donnera à voir la totalité des connexions possibles. Nous travaillons l’intermodalité, avec un travail sur l’accessibilité par la marche, le vélo, les transports en commun et la route ». La gare accueillera également l’arrivée de deux sièges régionaux, celui du Crédit Agricole et de la CAF.

Sylvain Robert est quant à lui revenu sur de grands enjeux pour son territoire. « L’ambition de notre plan de déplacement urbain est de limiter la part de la voiture au profit du vélo et du transport en commun. Nous souhaitons par exemple augmenter la part du vélo, qui était de 2 % en 2019 à 8 % en 2030 ». Tadao subventionne également les trajets du quotidien réalisés en covoiturage. « Cela fonctionne très bien, notamment dans les territoires ruraux » ajoute Fabrice Sirop, directeur d’Artois Mobilités. La gratuité totale des transports sera d’ailleurs effective dès janvier 2026 sur l’ensemble du réseau Tadao, couvrant les trois agglomérations de Lens-Liévin, Hénin-Carvin et Béthune-Bruay.

Xavier Leflaive, doyen de Terra Acadamia, école et accélérateur de la transition écologique est également revenu sur les leviers pour accompagner la transformation, évoquant le sujet de la qualification et de la transformation des métiers. Xavier Bertrand, Président de la Région Hauts-de-France est ensuite intervenu en rebond des échanges. Les participants ont ensuite pu profiter d’un cocktail déjeunatoire et assister à trois tables rondes, l’après-midi, avec les témoignages d’entreprises engagées, lauréates de la 11e édition du Challenge de la Mobilité Hauts-de-France.