Les labels RSE : une opportunité pour valoriser sa démarche au sein de l'entreprise

Si 90%* des dirigeants ont des actions en faveur de la RSE, peu d’entre eux se sont saisis des labels pour les valoriser : les entreprises labellisées ne seraient que quelques centaines en France. Pourtant, ces labels représentent un véritable levier pour toute organisation souhaitant structurer et valoriser sa démarche RSE, en particulier pour les TPE/PME qui représente 80% des entreprises labellisées. Mais depuis quelques années, de nombreux labels, parfois autodéclarés, apparaissent, entrainant un manque de visibilité, de crédibilité et de l’incompréhension de la part des entreprises qui pourraient justement s’en saisir. La plateforme RSE vient de publier un avis portant sur les labels sectoriels. Il fait suite à une expérimentation menée entre 2018 et 2019 auprès de 18 fédérations professionnelles puis aux travaux pilotés par un groupe de travail entre mai 2020 et janvier 2021. « Au lieu de créer de la clarté par rapport à des démarches d’engagement, cette multitude de label apporte de la confusion et du discrédit » explique Frédérique Lellouche, présidente de la Plateforme RSE. « Les TPE/PME ne sont pas soumises aux obligations réglementaires des grands groupes, il s’agit de RSE volontaire. Très souvent, elles ont le souhait de s’engager mais ne savent pas par où commencer. L’intérêt du label, c’est qu’il offre un lieu de partage et d’échanges entre pairs ainsi qu’un cadre d’engagement qui est assez précieux : c’est ce qui ressort de notre expérimentation ».  

Focus sur les labels sectoriels 

Il existe différents types de labels : généraliste, thématique, territorial. Dans le cadre de ses travaux, la plateforme RSE s’est intéressée aux labels sectoriels. « Selon les métiers et les secteurs d’activités, les approches ne sont pas les mêmes. Si une fédération élabore un label à partir de référentiels RSE adaptés aux spécificités de ses adhérents, cela pourra les aider à s'en emparer » précise Guillaume de Bodard vice-président de la plateforme RSE et animateur du groupe de travail. Dans cette logique, les labels sont également une véritable opportunité en matière de formation : « les référentiels devraient être couplés systématiquement avec des modules de formation car l’accompagnement des équipes est essentiel. La formation apparaît comme la première étape incontournable avant toute labellisation RSE » peut-on lire dans l'avis. Ces formations seraient destinées au référent RSE (quand il existe), au dirigeant de l’entreprise et à l’ensemble des salariés et permettrait d’embarquer l’ensemble de l’entreprise sur ce sujet.  Reste la question du contrôle de ces labels : « la transparence ne pourra être garantie que par un organisme tiers indépendant. Il faut que les règles soient respectées et qu’il y ait des contrôles sur site » souligne le vice-président. Un enjeu de robustesse des labels pour la plateforme, qui permettra d'amplifier leurs valorisations auprès du marché. « Il y a actuellement une non-reconnaissance des efforts des entreprises vertueuses par les grands donneurs d’ordres privés et publics ». A titre d’exemple, la commande publique pourrait être un levier intéressant : elle représentant près de 15 % du PIB et 101 milliards d'euros en 2018 pour 132 000 entités acheteuses (État, collectivités locales et établissements de santé). Pourtant, la prise en compte d’une démarche RSE est limitée par les dispositions réglementaires actuelles : « Une de nos recommandations est d’envisager une révision du Codes des marchés publics pour que la labellisation soit un critère de sélection mais pas d’exclusion. L’idée serait de donner des points supplémentaires à des entreprises labellisées : c’est une des pistes envisagées » ajoute Frédérique Lellouche.

Une charte publique garante de la robustesse et de la crédibilité des labels

La plateforme recommande également l’élaboration d’une charte publique qui encadrerait les conditions de reconnaissance des labels RSE. Plusieurs principes ont été identifiés et convergent avec le rapport « Labels RSE – Accompagner les entreprises et donner confiance à leurs parties prenantes » rendu public en février 2021 et remis au Gouvernement. Car pour élaborer un référentiel pertinent, socle d’un label RSE sectoriel, celui-ci doit respecter plusieurs principes, gage de sa qualité. Ces principes seraient regroupés au sein de cette charte. Parmi eux, le principe de robustesse (les critères du référentiel portent sur des actions allant au-delà des exigences réglementaires existantes), le principe d’amélioration continue (les critères du référentiel sont révisés périodiquement intégrant les nouvelles thématiques RSE, les retours d’expérience, l’évolution de la réglementation…) ou encore le principe de cohérence holistique et d’interdépendance : « l’idée est qu’un bon score obtenu sur une action, dans le domaine de l’environnement par exemple, ne compense pas un moins bon score dans un autre domaine, comme le social par exemple. L’objectif est qu’il y ait des attendus dans tous les domaines ».

Pour poursuivre :

* Source : BPI France en partenariat avec l’organisation B-lab en mars 2018