Salariés aidants : comment l’entreprise peut-elle les aider ?

Plus d’un aidant sur deux est salarié. Et ils sont 11 millions en France à soutenir un proche. Face aux évolutions démographiques, une part de plus en plus importante de la population est, et sera, concernée par cet enjeu. L’entreprise a un rôle crucial à jouer, en aidant dès à présent ces salariés. La Plateforme RSE vient de publier 24 recommandations, qu’elle souhaite porter au niveau européen.

 

220414 aidantsPerte d’autonomie, handicap, maladie : en France, plus d’un salarié sur dix aide régulièrement un proche. Et ce chiffre tend à augmenter dans les prochaines années : les aidants seront de plus en plus nombreux et de plus en plus jeunes : l’âge moyen d’entrée dans l’aidance est de 39 ans, contre 60 ans il y a encore quelques années. Si aider un proche en situation de vulnérabilité concerne, à priori, la sphère privée, les répercussions sur la sphère professionnelle sont belles et bien présentes. L’étude Ocirp-Viavoice indique que le temps d’aidance moyen par semaine pour les salariés aidants est de 8,3 heures. À la demande du Gouvernement, la Plateforme RSE a formulé 24 propositions pour « réformer le statut et la perception des aidants au sein de l’entreprise ». Le premier défi auquel font face les aidants est financier : « En plus d’une perte de revenu, les dépenses de ces personnes en soins médicaux peuvent être conséquentes. La charge mentale des aidants est également très importante : stresse, fatigue et perte de productivité, le statut d’aidant pèse sur la vie professionnelle » souligne la Plateforme RSE. 54 % des salariés se disent d’ailleurs épuisés selon une étude Malakoff Humanis.

 

Les entreprises ont donc un rôle à jouer pour répondre aux besoins et attentes exprimés par les salariés aidants. Information, aide financière, aménagement du temps de travail : les leviers existent. Selon l’étude Ocirp / Viavoice de 2021, 65 % des salariés aidants se déclarent « pas assez informés » sur les droits et les démarches existantes. À ce titre, trois types de congés peuvent être demandés par un salarié aidant : le congé de proche aidant (CPA), le congé de présence parentale (CPP) et le congé de solidarité familiale (CSF). Il est également possible de bénéficier des dons de congés de la part de ses collègues. Des prestations viennent aussi compenser les frais engagés par les aidants ou les aidés. Mais ces dispositifs sont peu connus, tant par les entreprises que les collaborateurs concernés, et pas toujours adaptés aux situations personnelles. Un an après l’ouverture des droits à l’AJPA (allocation journalière du proche aidant), seules 4 500 personnes en avaient fait la demande auprès de leur Caf. La Plateforme recommande de « renforcer la communication et la sensibilisation autour de ces dispositifs ».

 

Bienveillance, confiance et compétences

La Plateforme RSE insiste également sur « la culture de la bienveillance », premier degré d’accompagnement des salariés aidants en entreprise. « Cette culture de la bienveillance est instaurée en grande partie par l’information et la sensibilisation de tous les collaborateurs à chaque échelon de l’entreprise. Cette sensibilisation permet de libérer la parole, de lever le voile sur un tabou encore très présent au sein des entreprises et de comprendre les situations que vivent au quotidien les salariés aidants ». De multiples supports peuvent être actionnés : ateliers, conférences, webinaires. Ces actions doivent être régulières car « l’entrée dans l’aidance peut être rapide et le salarié qui ne serait pas encore aidant peut oublier les dispositifs qui lui sont disponibles ». La Plateforme RSE recommande également la mise en place de diagnostic : « Il peut être difficile pour l’entreprise d’établir les besoins des aidants si elle n’a pas de connaissances plus particulières de leur « profil » d’aidant, et de leurs situations personnelles ». L’enjeu est donc d’évaluer le nombre d’aidants, leurs profils et le type d’aidance à laquelle ils sont confrontés, « ainsi que les ressentis que les salariés ont par rapport à leur employeur au vu de leur statut d’aidant ».

 

Autre recommandation de la Plateforme : « Valoriser les compétences acquises par les salariés aidants ». 82 % d’entre eux disent en avoir acquises de nouvelles. Selon Thierry Calvat, l’aidant est un « manager de petite unité de production ». Son activité en tant qu’individu est de produire davantage de santé, une meilleure qualité de vie, un accompagnement au domicile pour son proche. Être aidant, c’est faire preuve de trois types de management : management des ressources, management de résultat et management motivationnel. Sans « stigmatiser » l’aidant, une réflexion doit être menée sur la valorisation de ces acquis. Enfin, l’objectif fixé par la stratégie nationale Agir pour les aidants 2020-2022 est d’inscrire le soutien aux proches aidants parmi les critères de la RSE. Cela suppose des indicateurs. La Plateforme RSE en a identifié 3 : un indice interne sur lequel l’entreprise peut communiquer (indice IBEA®), un label donnant lieu à une évaluation par un tiers (Cap’Handéo, « Entreprise engagée auprès de ses salariés aidants »), et un prix distinguant les meilleures pratiques (prix Entreprise & Salariés aidants). La Plateforme recommande ainsi de « permettre le renseignement d’un indicateur portant sur l’accompagnement des salariés aidants sur la plateforme Impact.gouv.fr ». Soutenir les salariés aidants est ainsi un enjeu de taille : rappelons que selon l’Insee, un actif sur quatre sera aidant en 2030.

 

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