L’entreprise Full-RSE : nouveau modèle entrepreneurial à la française

À quoi ressemblera l’entreprise en 2030 et comment la RSE impactera-t-elle les fonctions de l’organisation ? L’institut de l’Entreprise, en partenariat avec la Fondation Nationale pour l’Enseignement de la Gestion des Entreprises (FNEGE) et PwC France et Maghreb, a mené une étude prospective en interrogeant près de 250 professionnels sur la vision de leur métier à horizon 2030.

 

Depuis 2018, l’Institut de l’Entreprise a initié un travail autour de l’Entreprise Full-RSE. Ce modèle entrepreneurial vise à intégrer nativement la RSE à la stratégie de l’entreprise, impactant de fait l’organisation et les métiers. Intitulé « L’Entreprise Full-RSE à horizon 2030 », cette étude a mobilisé 90 entreprises, dix associations professionnelles, une trentaine d’académiques autour de 10 ateliers de partage et de co-construction entre pairs. Chaque atelier proposait un focus sur l’une des fonctions de l’entreprise : ressources humaines, marketing, finance, systèmes d’information, communication, supply chain, achats, direction générale, administrateur, et RSE. Chaque participant a ainsi été interrogé sur l’évolution de sa fonction à horizon 2030 en se projetant dans des scénarios mettant en scène l’entreprise de demain.

 

L’étude souligne ainsi l’évolution du profil de la direction générale, qui tend vers celle du « T-shaped » leader, qui allie expertise et compétences transversales (compétences en forme de T). « Très formé, il est capable d’interagir avec tout le monde, au sein de l’entreprise comme en dehors » note l’étude. La direction générale devra ainsi renforcer à la fois ses soft skills (capacité à embarquer l’entreprise autour d’une culture et d’une raison d’être, à rassembler un collectif, à intégrer la dimension humaine, notamment le « care ») et les hard skills. Le dirigeant devra assurer un « rôle d’anticipation et de lecture des signaux faibles dans une période ou le long terme redevient une préoccupation essentielle et où l’avenir est complexe et peu certain, le passé ne permettant pas de tracer des prévisions ». Autre aspect structurant : l’ancrage territorial, marqueur fort de l’organisation, en particulier pour les entreprises multisites. Les dirigeants sont invités à déléguer davantage des responsabilités aux dirigeants locaux. L’étude précise ainsi que « l’entreprise irrigue des écosystèmes locaux en interagissant avec une multitude d’acteurs territoriaux, notamment les collectivités locales. Elle contribue ainsi à la formation de communautés physiques dans les territoires où elle apporte des preuves de son utilité ». L’étude insiste également sur la nécessité d’incarner davantage de diversité (genre et origine, entre autres). 

 

Du côté des administrateurs, l’étude explique qu’à horizon 2030, « l’administrateur est devenu le garant de la confiance dans l’entreprise Full-RSE. Il se place en garde-fou de ses excès dans un monde dérégulé et dématérialisé. Il fait figure de contre-pouvoir appliquant sans réserve ses prérogatives de contrôle et de sanction. Le duo administrateur/direction générale évolue, ne fonctionnant plus en vase clos. Le rôle de l’administrateur ne se cantonne pas à valider la stratégie mais à y contribuer activement ». Autre acteur passé au crible de la prospective : le responsable RSE. L’étude évoque ici son rôle de « poil à gratter » voire de « voix dissonante » au sein de l’entreprise. Sa mission est « stratégique », sa fonction relevant d’un rôle « politique ». Le responsable RSE doit ainsi combiner des « expertises variées en matière sociale, économique, juridique, environnementale combinées à des soft skills (d’animation et de communication notamment) ». Celles-ci lui permettront « d’engager le changement et d’embarquer les collaborateurs là où les enjeux de formation, de sensibilisation et de pédagogie restent importants ». L’étude précise ainsi que « la fonction RSE doit veiller à la résilience de l’entreprise et rendre la transformation acceptable pour tous ».

 

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