Prise de conscience et sobriété : les résultats du baromètre « Les représentations sociales du changement climatique » de l’ADEME

L’ADEME renouvelle son enquête sur les représentations sociales du changement climatique des Français. Pour sa 23e vague, le baromètre révèle une prise de conscience, mais aussi un pessimisme croissant, vis-à-vis des conséquences du changement climatique, avec une volonté de tendre vers des pratiques plus sobres.

 

C’est dans un contexte de crise que l’ADEME a réalisé la 23e vague de son baromètre « Les représentations sociales du changement climatique ». Cette enquête vise à mettre en lumière les représentations des phénomènes liés au changement climatique dans notre société. Si la hausse des prix reste la préoccupation sociale la plus importante pour 38 % des sondés, l’environnement et la transition écologique se place en seconde position (10 %). Elle ne concerne cependant que 23 % des plus jeunes (15-17 ans) contre seulement 8 % des 65 ans et plus, plus préoccupés par la santé. Les activités industrielles (94 %), les centrales de production d'électricité (93 %), la destruction des forêts (91 %), et les transports (91 %), viennent toujours en tête des activités perçues comme les plus émettrices de gaz à effet de serre. Le baromètre révèle également une prise de conscience toujours plus forte de la part des répondants. Le sentiment que les conditions de vie deviendront extrêmement pénibles à cause des dérèglements climatiques augmente fortement depuis 2017, et gagne 8 points de plus par rapport à l’année dernière. L'augmentation des catastrophes naturelles est perçue comme la conséquence du changement climatique la plus inquiétante pour 53 % des sondés, et l’idée d’une adaptation « sans trop de mal » ne convainc plus que 1 Français sur 4 (avec une baisse de 7 points par rapport à 2021). L’enquête révèle ainsi une montée du pessimisme : quelles que soient les appartenances sociales ou démographiques, le niveau de pessimisme (67 %) l'emporte toujours sur celui de l'optimisme (33 %). Le fait que l’enquête se soit déroulé au mois de juin, et non à la fin de l’été, minimise probablement le niveau d’inquiétude exprimé par le public.

 

Une sobriété plus juste

Si un Français sur deux déclare avoir subi les conséquences du changement climatique, ils sont également plus conscients de la nécessité de changer leurs modes de vie : 62 % considèrent qu’il faudra les modifier « de façon importante », soit une augmentation de 5 points de plus par rapport à l’année dernière. À noter : le souhait d'une distribution équitable des changements dans les modes de vie pour 46 % des répondants. Ces chiffres démontrent que, désormais, c’est bien, pour partie, l’expérience vécue, et plus seulement le récit médiatique qui contribue à modeler les représentations sociales du changement climatique. L’ADEME propose également une série de mesures, interrogeant le panel sur leur acceptabilité. 9 Français sur 10 sont ainsi de plus en plus favorables au développement des énergies renouvelables, contre 77 % en 2014. L’interdiction de la publicité pour les produits ayant un fort impact sur l’environnement est également plébiscitée par 83 % des Français. En revanche, l’idée « d’abaisser la vitesse limite sur autoroute à 110km/heure » et celle de « densifier les villes en limitant l'habitat pavillonnaire au profit d'immeubles collectifs » ne convainc respectivement que 46 % et 37 % des sondés. L’ADEME note également des comportements plus sobres : le « consommer moins » concerne désormais plus d’un Français sur deux (53 %), soit une augmentation de 15 points en 5 ans. Le baromètre s’intéresse également à la mobilisation des acteurs. Le boycott d’entreprise demeure le moyen le plus souvent adopté, notamment par plus d’un quart des répondants (27 %) qui assurent le pratiquer déjà. À l’inverse, la désobéissance civile n’est retenue que par 42 % des sondés. Reste à savoir si ces comportements et représentations sociales perdureront dans le temps. Le baromètre 2024 sera particulièrement intéressant à suivre.