Consommation responsable : un engagement qui s’essouffle

L’ADEME et GreenFlex ont présenté les résultats du 21e baromètre de la consommation responsable. Si les inquiétudes des citoyens restent fortes, l’essoufflement gagne du terrain. Ils étaient 18 % en 2024 à faire « tout leur possible » pour consommer autrement, un chiffre qui baisse à 13 % en 2025. Prix, influence des proches, renoncement aux plaisirs : les facteurs et raisons sont multiples. Coup d’œil sur les principaux enseignements.

La consommation responsable s’essouffle, et cela même chez les plus mobilisés. Si 8 Français sur 10 estiment que « la crise climatique nous oblige à revoir nos modes de vie et de consommation », ils sont désormais 13 % à faire « tout leur possible » contre 18 % en 2024. Santé, bien-être, coût de la vie sont désormais les trois principales préoccupations des Français. L’environnement ne se classe qu’à la 6e place, derrière le bonheur (5e) et la sécurité (4e). Cette thématique sécuritaire prend d’ailleurs de plus en plus d’ampleur : ils étaient 26 % des répondants à la mentionner en 2023, ils sont désormais 41 %. Quant à l’environnement, elle ne figure dans le top 3 des préoccupations que pour 1 Français sur 4, contre 1 Français sur 3 en 2024. Une baisse qui s’observe depuis deux ans. À cela, l’étude insiste sur un manque d’incitation de la part des médias et des marques, qui, pour 45 % des répondants, ne donnent pas d’informations suffisantes pour faire les bons choix en termes de consommation responsable.

L’influence des proches : frein à la consommation responsable

Autre paradoxe révélé par l’étude : les Français sont conscients des enjeux, mais cèdent plus facilement aux injonctions des marques. Le baromètre explique ainsi que « plus de 7 citoyens sur 10 se montrent ouverts aux propositions de modèles de consommation alternatifs, comme le choix d’une livraison moins rapide mais moins chère (77 % d’intéressés), ou le fait qu’un vendeur déconseille l’achat d’un produit neuf au profit de la réparation de l’ancien (72 % d’intéressés), mais 84 % d’entre eux estiment pourtant que l’on vit dans une société qui nous pousse à acheter sans cesse ». Les périodes promotionnelles étant de plus en plus fréquentes, la consommation responsable peine à trouver sa place. Le baromètre explique que « pour 77 % des citoyens, la plupart des marques et entreprises incitent à trop acheter et 51 % se sentent « dupés » en périodes promotionnelles ». Autre enseignement : l’influence des proches. À la question « Lorsque vous hésitez à acheter un produit ou un objet (hors achat du quotidien type alimentaire, hygiène, etc.), quels sont les éléments qui vous décident finalement à l’acheter ? », les répondants évoquent (après le prix pour 50 % d’entre eux), l’avis des proches à 27 %, et le fait que les proches possèdent ce produit (22 %).

La perception de l’inaction du collectif joue de plus en plus chez les non-mobilisés

L’étude a différencié les mobilisés (les répondants se déclarant engagés ou concernés) et les non-mobilisés (indifférents ou agacés), permettant de mieux cibler les leviers et difficultés rencontrés sur ce sujet. Sans surprise, le prix reste le principal frein à la consommation responsable. Ils sont 61 % des plus mobilisés à avoir le sentiment que cela coûte trop cher, et 55 % chez les non-mobilisés. Mais l’étude indique également un autre enseignement intéressant. À la question « J’ai le sentiment que cela ne sert à rien que je fasse des efforts alors que la majorité des gens ne veulent pas changer leurs habitudes », ils sont 39 % des mobilisés à partager cette affirmation, et 47 % chez les non-mobilisés (soit une augmentation de 12 %). La perception de l’inaction du collectif joue de plus en plus chez les non-mobilisés. Autre difficulté avancée par les non-mobilisés : le fait de devoir renoncer à des plaisirs pour 43 % d’entre eux. Enfin, l’étude révèle un sentiment critique, notamment envers la publicité, jugée trop présente (80 %) et face à l’Etat qui devrait interdire les produits néfastes pour l’environnement et la santé (74 %).

Consultez les résultats du baromètre ici