Le Baromètre RSE 2024, réalisé par Wavestone et le C3D, explore comment les entreprises françaises s’adaptent à la directive CSRD, en transformant les contraintes réglementaires en opportunités d’innovation. Cette étude place son focus sur l'impact réel de la CSRD : au-delà du simple reporting, elle révèle comment cette directive peut redéfinir les modèles d'affaires vers une durabilité renforcée.
Une prise de conscience croissante
L'une des principales conclusions du baromètre est la reconnaissance de l’importance des limites planétaires (seuils écologiques que l’humanité ne doit pas franchir pour préserver l’équilibre de la planète) par les entreprises. En effet, 69 % d'entre elles ont initié des réflexions ou des études spécifiques pour évaluer la compatibilité de leur modèle d'affaires avec ces limites. Cette prise de conscience se traduit par une volonté d’adapter progressivement leurs opérations pour répondre aux enjeux environnementaux, tout en conservant un modèle d'affaires viable.
Cependant, malgré cette volonté affichée, les entreprises font face à un obstacle de taille : le manque de compétences spécifiques en RSE. En effet, 74 % des entreprises interrogées identifient ce déficit comme un frein majeur au déploiement de stratégies durables efficaces. Ainsi, pour réussir cette transition vers des modèles plus durables, il devient urgent de développer ces compétences internes, indispensables pour soutenir et concrétiser les ambitions écologiques et sociétales.
Les clients au cœur des stratégies RSE
Le baromètre révèle également que 88 % des entreprises considèrent leurs clients comme des parties prenantes clés dans l'élaboration de leur stratégie RSE. Cette influence des clients incite les entreprises à intégrer davantage les préoccupations environnementales et sociales dans leurs offres, renforçant ainsi leur engagement envers la durabilité. Certaines entreprises adaptent directement leurs initiatives RSE en fonction des attentes exprimées par leurs clients, tout en alignant ces initiatives sur leur propre stratégie durable. Cela se traduit par un accompagnement des clients dans des démarches concrètes, avec par exemple l'optimisation des processus pour réduire les déchets, tout en respectant leurs contraintes opérationnelles.
La complexité de la CSRD : un défi et une opportunité
La directive CSRD est perçue comme un défi de taille en raison de sa complexité, avec 70 % des entreprises la considérant comme un obstacle à son déploiement. En effet, la difficulté de la CSRD réside dans la diversité des informations qu’elle couvre, l’implication de nombreux contributeurs aux attentes variées, ainsi que la nécessité de comprendre les interconnexions entre différents enjeux. Cela demande également un outillage robuste pour produire un reporting adéquat et conforme aux exigences réglementaires. Face à cette complexité, le besoin en ressources humaines est important : il est estimé qu'entre 1 à 10 ETP (Équivalents Temps Plein) seraient nécessaires pour répondre aux exigences de la CSRD. La majorité des entreprises répondants à l’études estime par ailleurs qu’1 ETP n’est pas suffisant.
Cependant, malgré ces contraintes, 71 % des répondants considèrent également que la CSRD représente une opportunité de transformation. Elle incite les entreprises à structurer leurs pratiques RSE, à améliorer la traçabilité des données, et à se conformer à des standards élevés de transparence. En exploitant cette opportunité, les entreprises peuvent non seulement améliorer leur performance globale, mais aussi renforcer leur engagement vers des opérations durables et innovantes.
Vers une transformation durable et innovante
Malgré les défis posés par la CSRD, le Baromètre RSE 2024 met en évidence que les entreprises françaises sont en chemin pour transformer ces contraintes en opportunités d’innovation. En repensant leurs modèles d'affaires, en mobilisant leurs équipes, et en répondant aux attentes de leurs clients, elles peuvent non seulement se conformer aux nouvelles réglementations, mais aussi renforcer leur résilience et leur compétitivité sur le long terme.
Ce baromètre démontre que la transformation durable des entreprises n’est pas simplement une obligation légale, mais un levier stratégique pour innover, se différencier et créer de la valeur dans un environnement de plus en plus exigeant. Les entreprises qui sauront naviguer dans cette complexité en sortiront plus fortes et mieux préparées pour les défis futurs.