Noiret Patrimoine : un modèle philanthropique au service de la finance solidaire

p33 noiret patrimoine portrait marc antoine noiret crédit noiret patrimoineElle aurait pu être responsable. Ou verte. Mais Noiret Patrimoine a pris le parti de se positionner sur une activité de niche : la finance solidaire. Celle-ci représente 0.5% de l’épargne des Français, soit 15 milliards d’euros. Cabinet de conseil en gestion de patrimoine, l’entreprise propose à ses clients d’être sociétaires d’une entreprise adaptée, d’une entreprise d’insertion…. Un positionnement ferme, vers une « finance qui a du sens » que Marc-Antoine Noiret, son dirigeant, défend depuis le début : « quand je me suis lancé il y a quatre ans, je cherchais à donner du sens à mon projet et j’ai été très déçu : il y a beaucoup de produits financiers très marketing. Dans certaines structures, le conseil financier n’est pas toujours donné dans l’intérêt du client et est focalisé sur le produit le plus rémunérateur. A mes yeux, la logique de rentabilité mine la relation client. J’ai rencontré une personne qui m’a expliqué les fondements de la finance solidaire et de l’économie sociale et solidaire (ESS) et j’y ai adhéré ». Le cabinet s’appuie ainsi sur tout un écosystème afin de proposer, à ses clients, les produits les plus adaptés à leurs besoins et joue au maximum la carte de la proximité, territoriale ou nationale. « Nous sommes adhérent de l’association Finansol qui promeut la solidarité dans l’épargne et la finance et par le biais de laquelle nous sélectionnons nos projets. Nous nous appuyons également sur les plateformes de crowdfunding pour identifier des programmes comme celui sur la valorisation du gaz de mine dans le réseau de chaleur de Béthune. Sans oublier les rencontres humaines : typiquement, via Réseau Alliances, nous avons rencontré une société solidaire en recherche de financement qui a intégré notre offre ». Un secteur dynamique : en France, les entreprises de l’économie sociale et solidaire génèrent 10% du PIB et emploient 2,3 millions de salariés.

La pédagogie : aspect indispensable du métier

Mais pour chaque projet, tout est une question d’accompagnement. « Il faut trouver le produit à impact en fonction de l’objectif patrimonial du client » explique le dirigeant. « La question aujourd’hui, c’est aussi comment on conseille. Il faut faire beaucoup de pédagogie pour expliquer les produits. Je pense qu’il existe un problème d’offre, plus que de demande, avec des conseillers soumis à une réglementation très forte, qui ne sont pas toujours formés sur ces sujets et qui ne souhaitent pas faire du greenwashing. Il faut donc créer un lien entre le client et l’investisseur. On n’est pas là pour être dans le jugement quant aux choix finaux des investisseurs. C’est pour cela que nous organisons une à deux fois par mois des visites terrain ou en visioconférence, pour présenter les projets que nous proposons en financement. On s’y retrouve en jouant sur les volumes patrimoniaux ». Au-delà de cet axe d’activité, Noiret Patrimoine travaille également sur le partage du profit : un lien direct avec la finance solidaire. « 65% de la finance solidaire est alimentée par l’épargne salariale, c’était donc normal de nous inscrire dans cette logique. Avec la finance solidaire, on travaille sur l’impact de l’argent et avec le partage de profit, on se demande comment on partage la valeur de ce qui a été créée ». Le cabinet propose ainsi plusieurs solutions : « certaines entreprises nous demande de les accompagner pour que leurs salariés deviennent actionnaires. On s’adresse ainsi à des entreprises type PME/ETI ». Un engagement 360 degrés, dans l’ADN du cabinet, qui a pris une nouvelle dimension juste après les Trophées de l’Économie Responsable, dont il est lauréat en 2019. « Ça nous a permis de faire le point, de prendre de la hauteur. Tout est arrivé après les Trophées, cela nous a permis de mettre le curseur là où l’on voulait aller ». 

Crédit Florian Carly

Crédit Florian Carly

Un modèle philanthropique

Car pour être en cohérence avec son activité, Marc-Antoine Noiret a positionné son entreprise dans un « modèle philanthropique » : 100% du capital de son entreprise est ainsi détenu par une fondation actionnaire, un statut créé en France en 2005. L’objectif : les fondations protègent à la fois les valeurs de l’entreprise en soutenant des projets d’intérêt général grâce aux dividendes qu’elles perçoivent et jouent un rôle d’actionnaire. Un modèle hybride qui a convaincu le cabinet. « Je crois en une finance différente où l’argent peut être vecteur d’utilité sociale, où il a un impact sur l’environnement et où le client est au centre de la relation. Nous avons cherché comment mettre en cohérence notre activité autour de la finance solidaire et du partage de profit avec cette sincérité : la mise en place de ce dispositif signifie qu’il n’y a pas d’intérêt sur le capital, la fondation actionnaire étant un outil à but non lucratif. De plus, nous ne percevons pas de rémunération sur des objectifs commerciaux. En parallèle, nous avons aussi modifié nos statuts en choisissant d’être une entreprise à mission. C’était l’opportunité d’ancrer davantage nos missions ». Dans cette continuité, Noiret Patrimoine s’est également lancé dans le programme d’engagement B Corp : « j’avais commencé seul et puis, je me suis vite arrêté face aux 200 questions » souligne le dirigeant en souriant. « J’ai intégré le groupe d’engagement B Corp de Réseau Alliances. C’était très enrichissant de réfléchir en petit groupe, de prendre de la hauteur avec des entreprises différentes de la nôtre et on fait de belles rencontres ». Par ses choix structurels et son positionnement, Marc-Antoine Noiret mise sur « un modèle atypique » et ajoute « on peut trouver cela étrange d’associer finance et solidarité, c’est un oxymore finalement, mais c’est viable ». Une « preuve par le concept » qui démontre que l’activité financière peut être solidaire et viable.