En 2021, plusieurs porteurs de projet ont pu prendre part au dispositif Maison Super Local, expérimenté sur le territoire roubaisien. Parmi eux, le centre social Alma, qui, dans la continuité du projet « Territoire zéro chômeur de longue durée », a travaillé sur la thématique du zéro déchet. Rencontre avec Élodie Grospelier, chargée de projet coopérative d'activités.
Partir des besoins des habitants et développer des projets à impact pour le territoire : en 2021, le centre social Alma a répondu à l’appel à projets lancé dans le cadre du dispositif Maison Super Local. Expérimenté pour la première fois sur la commune de Roubaix autour de la thématique de l’économie circulaire, ce dispositif permet à des porteurs de projet de faire émerger des initiatives afin de répondre aux besoins manquants d’un territoire. C’est dans ce cadre que le centre social Alma a décidé de se mobiliser. « Dans le cadre du projet « Territoire zéro chômeur de longue durée », nous avons créé la coopérative Coop’ Manau avec les habitants du quartier les plus éloignés de l’emploi, l’idée étant, à terme, d’aboutir sur une entreprise à but d’emploi (EBE). L’objectif de la coopérative est de faire de l’insertion professionnelle en mobilisant les compétences de chacun. L’appel à projets Maison Super Local était, pour nous, un sujet de travail : nous avons mobilisé un petit groupe d’habitants pour les faire travailler sur un projet commun. Cela permettait à chacun d’exprimer ses envies pour son quartier, les compétences qu’il pouvait apporter. En quelques jours, un projet de tiers lieu zéro déchet a émergé ». Celui-ci est sélectionné quelques semaines plus tard dans le dispositif Maison Super Local. « Le tiers lieu étant un projet plutôt long. Maison Super Local nous a permis de travailler pas à pas et de nous concentrer sur un premier projet autour de la lutte contre le gaspillage du pain initié par un habitant, Benyamina. Nous étions déjà en lien avec la ville de Roubaix et Triselec, une entreprise spécialisée dans le tri. Nous avons lancé une expérimentation autour de la collecte de pain et la récupération d’invendus auprès des boulangeries ».
S’adapter à chacun
Des boîtes à mie sont installées : 180 kg de pain sont collectés en quelques semaines et plus de deux tonnes d’invendus sont captées auprès des professionnels. Ces volumes sont ensuite récupérés par Triselec afin de les transformer en pellets de chauffage. Si des expérimentations avaient été menées par le service Développement durable de la Ville, ces derniers souhaitaient aller plus loin sur leurs expérimentations. « Avec Benyamina, ils ont trouvé un porteur de projet sachant convaincre et parler du projet aux boulangeries et habitants, et menant le projet sur le « terrain ». C’est parce que nous sommes partis des besoins des habitants que nous avons de tels résultats ». Entre le début et la fin de la période de test, une baisse de 40 % des invendus est observée. « En mettant en avant les volontés des habitants, et en les accompagnant, cela permet d’aller beaucoup plus vite et d’avoir plus d’impact ». Car c’est là l’enjeu de Maison Super Local : accélérer les projets à impact sur un territoire. « Les ateliers organisés lors du dispositif, individuels ou collectifs, sont adaptés à chaque porteur de projet. Ils nous ont permis de mieux ancrer notre positionnement, de redéfinir la position de chacun, que ce soit la mienne par exemple ou celle de Benyamina qui participait aux réunions avec les collectivités et Triselec. Il fallait que le projet soit testé et prototypé afin qu’il puisse s’inscrire dans l’entreprise à but d’emploi qui est l’objectif final que nous portons » souligne Élodie Grospelier. Les ateliers encouragent également l’émergence d’un écosystème à un impact. « Nous avons pu créer des liens et des passerelles avec d’autres porteurs de projet. Une des dames que j’accompagnai travaille aujourd’hui chez ARI Game, lui aussi porteur de projet issu de Maison Super Local. Cela a permis de créer un écosystème, une filière autour du zéro déchet, en lien avec l’identité de notre territoire ». Aujourd’hui, la coopérative Coop’ Manau poursuit ses activités, et, entre autres, celle autour du pain. Une deuxième phase d’expérimentation est en cours et vise à obtenir des retours des différents participants via un questionnaire. Avec toujours les habitants au centre des actions, sans doute l’ingrédient secret pour cette recette à impact.
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