Koraï : « Il faut (re)créer une économie au service du vivant »

S’engager pour la biodiversité en tant qu’entreprise forme aujourd’hui un impératif éthique pour préserver notre planète. Le dérèglement climatique actuel, en partie provoqué par l’augmentation des émissions de carbone liées à l’activité humaine, impacte fortement les écosystèmes vivants, dont les océans font partie. 50% des récifs coralliens ayant disparus à ce jour, préserver la biodiversité marine est devenue une nécessité pour éviter de faire face à l’effondrement de cette dernière. 

Cet enjeu, Koraï a décidé de le placer au cœur de sa stratégie, en accompagnant les acteurs économiques à reconsidérer la biodiversité marine dans leur organisation.  Avec une première filiale dans le Nord de Madagascar, elle agit activement à travers la restauration et régénération de mangroves et la plantation de coraux pour permettre à cet écosystème marin dégradé, endommagé voire détruit par les activités humaines globales et locales, de redevenir sain, résilient et fonctionnel. 

Focus sur cette jeune entreprise régénératrice de la vie dans les océans, qui lutte pour rétablir la biodiversité marine, à son échelle. 

Un savoir-faire au service du vivant 

inau 7Fondée par Jeimila DONTY il y a un an, Koraï est née de l’envie de faire perdurer des valeurs et un savoir-faire familial face à un monde en crise. « Je suis née et j’ai grandi à Madagascar, au sein de l’île de Nosy Be. Je fais partie d’une famille d’entrepreneurs qui a toujours travaillé au service de la nature. Lorsqu’en 2020, la pandémie du Covid-19 a suspendu l’activité de notre ferme de coraux, je me devais d’agir. » partage la fondatrice de l’entreprise. « Nous faisons aujourd’hui face à une éco-anxiété concernant notre rôle individuel face aux dérèglements climatiques. Il en est de même pour les entreprises, qui font face à leurs responsabilités du point du vue de leurs émissions de carbone. Devant l’effondrement total qui menace les écosystèmes marins comme le corail, j’ai décidé de mettre un savoir-faire familial au profit de la nature, et mes connaissances en économies au profit des entreprises. C’est ainsi que j’ai créé Koraï : nous accompagnons les entreprises dans leur engagement en faveur de la biodiversité marine » explique-t-elle. 

Des impacts sur l’économie globale et locale 

Tissu vivant de notre planète, la biodiversité assure des services écologiques essentiels tels que la pollinisation, la purification de l’eau, et contribue à la régularisation du climat. Elle revêt également une valeur économique, comme le rappelle l’UNESCO à travers son guide de valorisation des écosystèmes. « Les écosystèmes marins côtiers rendent des services écosystémiques estimés à une valeur équivalente du PIB des États-Unis, 20 900 milliards de dollars. C’est la valeur des services rendus à la société : régulation climatique (captation carbone), protection des côtes, approvisionnement en nourritures et services culturels… ». 

inau 3En somme, la biodiversité contribue activement à la santé économique globale et locale. « Certaines activités économiques n’existeraient pas sans la santé du vivant. C’est le cas par exemple des opérateurs touristiques, que nous cherchons aussi à engager sur ces questions à travers des programmes de sensibilisation. » explique Jeimila. 

Un enjeu à saisir pour les entreprises

S’engager en tant qu’organisation pour la biodiversité, au-delà d’un engagement éthique, deviendra prochainement une obligation législative. 

Avec l’arrivée en 2024 de l’application de la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), de nombreuses entreprises devront désormais publier annuellement un reporting extra-financier sur leurs implications environnementales, sociales et sociétales, à la suite de cette nouvelle réglementation européenne. « Aujourd'hui, c'est une erreur de ne pas de pas y penser, car la législation avance autour de la biodiversité. Dans quelques années, les entreprises n’auront plus d’autres choix que de l’intégrer dans leur stratégie, de la même manière que le carbone. Il faut agir aujourd’hui, et ne pas attendre le punitif de demain. » confie la dirigeante.

L’occasion pour le monde économique de se questionner sur son implication envers la biodiversité. « Il faut (re)créer une économie en faveur du vivant, et sortir d’un fonctionnement au détriment de ce dernier. » conclut-elle.