Les 21 et 22 novembre derniers, les 2500 participants du World Forum for a Responsible Economy ont eu l’occasion de bénéficier d’une exposition immersive inédite proposée par Trifolium Art Gallery. Leur ambition : faire découvrir le monde de l’art différemment, en le rendant accessible et lui donnant un rôle concret. Rencontre avec Marie-Aude TRAN, qui revient sur les convictions derrière ce modèle innovant de galerie d'art à impact.
Votre galerie intègre les principes de durabilité, de responsabilité sociétale. Comment se concrétise votre concept au quotidien ?
Marie-Aude TRAN (M.-A.T) : Dans un contexte de changements profonds, où les enjeux sociaux et environnementaux occupent une place centrale, notre galerie a émergé avec le désir de provoquer des évolutions significatives à travers l'art. Notre concept est issu d'une discussion avec une organisation non gouvernementale (ONG), qui nous a partagé leur difficulté à s’ouvrir à un public extérieur, non sensibilisé à la cause. De notre côté, nous avions conscience des émotions ressenties par de nombreuses personnes face à nos œuvres. Nous avons fait le choix de les aider à faire le chemin du cœur vers la tête, de l’émotion à la raison, de manière à créer de l’impact chez les gens de manière positive pour les aider à passer à l’action. L’idée est que les spectateurs puissent écouter le message et la conviction de l’artiste, qu’ils en ressortent grandis, et aient envie de s’investir dans les causes défendues.
Trois dimensions expérientielles sont présentes dans nos expositions. Premièrement, le visiteur, qui va apprécier ou non l’œuvre en fonction de son regard, de sa sensibilité. Il y a ensuite la conviction de la galerie, qui, autour des thèmes défendus, cherche à embarquer dans une expérience globale. Enfin, l’on retrouve l’artiste, qui vient ouvrir cette expérience au regard de ses connaissances écologiques, philosophiques, scientifiques et artistiques. Les visites guidées et les échanges entre ces trois parties prenantes, permettent de faire passer les messages souhaités.
Au-delà de cet impact émotionnel, à chaque acquisition d’œuvre ou exposition vendue auprès des entreprises, est reversée une partie de la somme à une association choisie. Par exemple, lors de notre dernière exposition, nous avons financé la sensibilisation de 800 élèves à la déforestation. Les artistes et nous-mêmes sommes très fiers de contribuer à un impact tangible.
Comment travaillez-vous avec les artistes que vous représentez ? De quelle manière leur travail contribue-t-il à ces enjeux ?
M.-A.T : Nous estimons qu’il est important d’éveiller le monde. Pour ce faire, nous choisissons toujours des artistes de grande qualité, qu’ils soient émergents ou internationalement reconnus. Nous les choisissons à travers le filtre de nos quatre convictions : la découverte - de nouvelles techniques, de nouveaux talents -, l’esthétisme - car le beau permet de vivre une réelle émotion -, la culture - par le message que porte l'artiste -, et enfin l’investissement, qui lui se base sur le marché de l’art ainsi que les dons reversés. Il faut également savoir que l’artiste fait, lui aussi, un don au cours de la vente de son œuvre. Il était important pour nous que le don soit commun.
Étant très engagés, nous avons beaucoup d’échanges autour des matériaux utilisés, et des moyens de réduire l’empreinte environnementale dans les processus de création. En tant que galerie, cela nous permet d’avoir des échanges avec les artistes, de les mettre en relation les uns avec les autres ainsi qu'avec des entreprises. Le but est de permettre de prendre du recul, de sorte que demain, ils puissent faire les choses différemment.
Quels intérêts les entreprises ont-elles à se saisir du sujet par le biais de la culture selon vous ?
M.-A.T :Au-delà de la galerie que nous vendons à des collectionneurs, nous sommes convaincus que l’art au sein des entreprises permet d’éveiller chez les collaborateurs une sensibilité à ces sujets. Cela peut venir renforcer la démarche RSE de ces dernières, et interpeller les personnes, les embarquer dans des convictions et valeurs grâce à un autre prisme que ceux mis en place par les organisations. C’est l’une des raisons pour laquelle notre présence au World Forum était très importante. Nous espérons que demain, ils puissent nous inviter à faire bouger les choses, ensemble.
Crédits photos : Maxime Dufour Photographies
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