Aportéed'elles : accompagner les femmes à surmonter leur vulnérabilité et à (re)prendre leur envol

Depuis 2022, l’association Aportéed'elles accompagne les femmes en situation de vulnérabilité à travers un programme innovant d’émancipation personnelle et professionnelle, en les aidant également à lever tous les freins périphériques qu’elles peuvent rencontrer. Aportéed’elles est une structure facilitatrice et coordinatrice implantée sur le territoire de Valenciennes. L’association s’appuie ainsi sur tout un écosystème local qui permet aux femmes de s’épanouir à nouveau et de définir un nouveau projet de vie, dont le projet professionnel en est la finalité. Explications avec Charlotte Mormentyn et Cédric Lepoutre.

240419 apporteeÀ quelques pas de la gare de Valenciennes, au deuxième étage d’un ancien immeuble, les femmes qui sont en situation de vulnérabilité peuvent pousser la porte du « Nid », où sont installés les locaux de l’association Aportéed'elles. Décoration soignée et élégante, environnement calme et lumineux : tout est fait pour qu’elles s’y sentent bien. Car parler Aportéed'elles, c’est d’abord parler de ces femmes – les hirondelles - qui, au cours de leur vie, ont traversé – et traversent – des périodes de vulnérabilité : deuil, emprise, séparation, maladie : les parcours sont divers, mais toutes ont perdu « l’énergie » de se reconstruire. Les conséquences de ces accidents de vie ont un impact professionnel et intègrent également une dimension émotionnelle, psychologique, physique, et sociale dont il est fondamental de tenir compte.


« Ces hirondelles doivent retrouver une bonne estime d’elles-mêmes avant de pouvoir envisager un nouvel envol professionnel ; et il est de notre responsabilité de leur faciliter la tâche dans une environnement qui facilite cette reconstruction. Quand nous parlons de situations de vulnérabilité, ce sont des accidents de vie qui ont provoqué un certain nombre de blessures. Nous avons une approche très « multi » : l’association ne s’adresse pas uniquement aux femmes en situation de vulnérabilité sociale, ou qui font face à des violences, ou à la maladie… Nous accompagnons toutes les formes de vulnérabilités, autour d’un socle commun : celui de se reconstruire. Quelle que soit la situation que ces femmes vivent, il est nécessaire pour elles de se reconstruire émotionnellement, parfois physiquement, psychologiquement, socialement, et professionnellement. Tout est lié » explique Charlotte Mormentyn fondatrice et présidente de l’association. « Quand une femme a un cancer, et que son traitement se termine, finalement, c’est là où tout commence. C’est pour cela que nous en sommes en lien avec tout un écosystème de prescripteurs. Nous travaillons par exemple avec des centres de cancérologie, les centres hospitaliers, les centres sociaux,.. Aportéed'elles est un centre de réparation, où chacune peut tout avoir à portée d’elle ».

3 photos : les 2 premières montrent des bénéficiaires en atelier, la dernière est une photo de promotion des bénéficiaires

Un dispositif 360 degrés

Pour les aider dans cette démarche, Aportéed'elles propose un dispositif d’accompagnement de neuf mois, qui adresse trois objectifs : l’estime de soi, le projet professionnel et le projet social, notamment la manière dont les femmes redeviennent actrices de leur vie  dans la société. Ateliers collectifs hebdomadaires (sophrologie, danse-thérapie, ateliers professionnalisants), coaching individuel mensuel mené par un coach bénévole, groupes de parole, journées découvertes permettant aux hirondelles de découvrir des métiers auxquels elles n’auraient pas pensé : chaque femme est ainsi écoutée dans son projet. Et pendant les neuf mois, un parrain ou une marraine en lien avec le monde professionnel les accompagnent, un accompagnement qui se poursuit d’ailleurs six mois après la sortie du dispositif de l’hirondelle.

Chaque promotion est constituée d’une dizaine de femmes, avec une attention particulière sur le recrutement pour que la dynamique de groupe soit la plus facilitante possible. « Il y a un recrutement collectif, une séance de psychothérapie et des entretiens individuels. Cela nous permet de dire qui peut entrer dans le groupe. La force du programme, c’est l’engagement de la femme, il représente 80 % de la réussite du dispositif. Car derrière il y a aussi de nombreux bénévoles qui sont engagés : parrains, marraines, coachs. Ce sont 90 personnes qui font la richesse du parcours. Et pour certains bénévoles, Aportéed'elles peut aussi être un tremplin dans un projet de transition professionnelle » explique Cédric Lepoutre, Secrétaire Général. « D’ailleurs, j’aimerais que les femmes qui sont passées par le dispositif deviennent ensuite contributrices, nous en avons déjà quelques-unes dans l’association, c’est une force » ajoute Charlotte Mormentyn.

Prévenir les vulnérabilités

Discours de Charlotte MORMENTYNSi l’association est un « centre de réparation », elle espère également pouvoir être un centre de prévention. « Certaines femmes arrivent ici une fois qu’elles n’ont plus de travail, que cela a été trop loin au niveau familial. Notre enjeu est aussi d’essayer de travailler en amont, et de faire en sorte que cela n’arrive pas. Comment l’entreprise peut-elle accompagner une femme qui est en phase de séparation par exemple, avec tout ce que cela implique derrière pour elle, et qui peut conduire à des situations de vulnérabilité » explique Cédric Lepoutre. « Depuis la création de l’association, j’ai aussi cette idée de pouvoir accompagner les entreprises sur ces sujets autour de l’accompagnement des vulnérabilités. Chaque acteur de l’écosystème peut jouer un rôle » ajoute Charlotte Mormentyn.

L’association s’inscrit aujourd’hui dans une logique d’essaimage, et souhaite se développer sur la Métropole Européenne de Lille d’ici la fin de l’année. Elle recherche des locaux accessibles pour ses publics, avec la possibilité de disposer d’une salle pour réaliser les ateliers collectifs. Elle souhaite également pouvoir s’entourer de bénévoles : coachs (développement personnel, professionnel…), parrains, marraines qui pourraient accompagner les hirondelles dans leurs parcours, et même professionnels avec des expertises comme la finance par exemple qui participeraient au projet en mécénat de compétences. Un écosystème vertueux à développer pour ces femmes qui en ont besoin. Ces hirondelles qui n’aspirent qu’à (re)prendre leur envol.