Depuis 2018, l’antenne SOLAAL Hauts-de-France travaille avec une multitude d’acteurs afin de faciliter le don agricole et lutter contre le gaspillage et la précarité alimentaire. Cette connaissance fine des structures, et cette capacité à faire se rencontrer des acteurs très différents font de SOLAAL un acteur clé pour le territoire. Rencontre avec Cécile Peltier, Directrice régionale.
Il est parfois complexe de faire se rencontrer des mondes qui ne se connaissent pas, ou peu, qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble, des secteurs qui ont des codes et des usages différents. Alors, pour créer des synergies porteuses de sens et d’impact, il est nécessaire de trouver le bon interlocuteur, un trait d’union, ce facilitateur qui permettra d’initier ces coopérations. SOLAAL s’inscrit pleinement dans cet ADN. Créée en 2013 par les agriculteurs, cette association nationale d’intérêt général a pour but de soutenir les filières agricoles et de lutter contre le gaspillage alimentaire. Elle s’organise à travers 11 antennes régionales qui travaillent au plus près des acteurs du territoire, celle des Hauts-de-France étant la plus ancienne. « Nous avons créé SOLAAL afin de faciliter et d’organiser le don alimentaire. Nous récupérons des produits invendus auprès des agriculteurs : ce sont des produits de qualité, mais qui sont hors calibre, qui ont des problèmes d’étiquetage… Puis nous organisons le retrait et la logistique auprès des associations d’aide alimentaire » explique Cécile Peltier, Directrice régionale. Depuis fin 2018, ce sont 9 500 tonnes de produits frais (légumes, fruits, produits laitiers, viande…) qui ont été collectés auprès des agriculteurs des Hauts-de-France, pour l’équivalent de 19 millions de repas servis par les associations d’aide alimentaire.
« Nous sommes vraiment là pour faciliter la mise en relation entre ces deux secteurs. Nous avons un rôle de médiateur, de facilitateur. Nous identifions l’association d’aide alimentaire, organisons la logistique, que nous pouvons aussi mutualiser. Pour l’agriculteur, il bénéficie d’un interlocuteur unique qui s’occupe de tout, il n’a pas besoin de prendre ce temps-là, de chercher une association, et ce n’est pas non plus son métier. Pour vous donner un exemple, nous avons travaillé avec Fruits Rouges & Co, dans l’Aisne, qui avait un surplus de fruits rouges. Beaucoup d’associations étant fermées l’été, période qui se trouve aussi être la saison des fruits rouges qui sont des denrées très fragiles, nous avons réussi, avec Carrefour Supply Chain, à déplacer ces produits et à les proposer au Secours Populaire de Roubaix ». Car c’est là l’une des forces de ces antennes : une implantation locale forte, une connaissance du tissu agricole, agroalimentaire et associatif, une capacité à travailler de manière multi-partenariale.
Encourager l’interconnaissance
Car en tant qu’association, SOLAAL est riche de ses membres : syndicats agricoles, professionnels de l’agroalimentaire, , entreprises telles que Groupama ou la MSA... Et au-delà de l’organisation des dons, SOLAAL a développé des actions connexes comme des glanages solidaires. « Ce type d’opérations permet d’encourager l’interconnaissance et de sensibiliser les acteurs à la lutte contre le gaspillage alimentaire. Nous avons fait appel à des établissements scolaires, à des collaborateurs de nos entreprises partenaires, ou encore à des chantiers d’insertion pour participer à ces évènements » explique Cécile Peltier. En 2023, ce sont ainsi 45 opérations de glanages qui ont été organisées et 16 tonnes de produits frais récupérés par les associations d’aide alimentaire. « C’est aussi une manière de garder du lien avec nos partenaires, en faisant intervenir leurs salariés lors de ces différentes manifestations ». L’association a également organisé un atelier cuisine intergénérationnel à la MARPA de Saulty (62). Résidents retraités, personnes bénéficiaires du RSA et d’épicerie solidaire, enfants se sont ainsi retrouvés pour cuisiner et échanger sur le bien manger avec une diététicienne.
SOLAAL encourage l’interconnaissance et facilite la rencontre et l’échange entre personnes issues d’horizons différents. « Notre objectif est de répondre à la demande et de proposer des solutions locales et adaptées à chacun ». Au niveau national, SOLAAL a également travaillé avec Bercy sur la simplification de l’attestation de don. Au niveau local, SOLAAL participe à 26 projets alimentaires territoriaux (PAT) autour de la lutte contre le gaspillage alimentaire et l’accessibilité des produits locaux auprès des publics en précarité alimentaire. « Nous intervenons également régulièrement au sein des établissements scolaires agricoles. Cela permet de sensibiliser ces futurs professionnels à la lutte contre le gaspillage alimentaire, de leur parler du don, ce qui n’est pas toujours connu » ajoute Cécile Peltier. Ce rayonnement local, fédérant des acteurs pluriels, permet à SOLAAL de s’inscrire pleinement comme ce trait d’union essentiel à la réussite d’un développement local au service d’un bien commun.
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