Ingénierie, démarche d’écoconception systématisée, formation, implication dans de nombreux projets d’économie circulaire : depuis plusieurs années, le Groupe Rabot Dutilleul s’inscrit dans une démarche de performance environnementale, avec cette ambition d’entraîner l’ensemble du secteur de la construction et de l’immobilier. Rencontre avec Rodolphe Deborre, Directeur Innovation et Renaissance Ecologique.
L’amont et l’aval. Depuis 100 ans, Rabot Dutilleul travaille sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’immobilier et de la construction, positionnant le Groupe comme un acteur global du secteur. La clé ? Disposer d’une ingénierie en interne permettant de répondre aux nouveaux enjeux de transition du secteur. « La construction représente aujourd’hui 25 % de l’empreinte carbone de la France. Nous avons déployé en interne des compétences qui nous permettent de pouvoir proposer de nouveaux types de bâtiments : en bois, à énergie positive, avec du béton bas-carbone, de nouveaux matériaux (chanvre, lin…) … » explique Rodolphe Deborre, Directeur Innovation et Renaissance Ecologique. En témoigne l’inauguration, en 2017 déjà, du siège du WWF France en région parisienne : un ancien bâtiment industriel, réhabilité dans une logique d’upcycling et de performance environnementale. L’entreprise a développé une démarche d’écoconception, ASAP, permettant de simuler systématiquement la performance environnementale d’un programme immobilier ou de construction lors de chaque étape. Ce process, initié en 2011, est utilisé dans tous les projets depuis 2021. « Notre ambition est de pouvoir inventer puis déployer les solutions écologiques que le secteur demande, avec cette idée de faire partie de ceux qui font évoluer le marché vers une conception du bâti plus respectueuse de l’environnement. En mettant à disposition des acteurs du territoire ce qui se fait de mieux dans ce domaine, cela participe également à l’attractivité du territoire ».
Changer d’échelle pour répondre aux Accords de Paris
Et cette ambition d’exemplarité se traduit par une vision partagée dans un Manifeste bas carbone publié en 2022, et des objectifs qui s’inscrivent dans la trajectoire des Accords de Paris. « Nous avons réalisé notre bilan carbone sur la période 2011/2022. Nous avons pris des objectifs de réduction de 30 % de nos émissions, avec une ambition de 760kgCO2e/m² livrés en 2030 contre 1 080kgCO2/m² livrés en 2021 ». Le Groupe souhaite ainsi réaliser plus de 60 % de sa production en rénovation d’ici 2030 et utiliser 75 % de matériaux décarbonés, biosourcés ou issus du réemploi. « Il s’agit d’un changement d’échelle : utiliser les bons matériaux au bon endroit » souligne Rodolphe Deborre. Sur les matériaux justement, le développement de l’économie circulaire est un levier stratégique. Les équipes sont impliquées dans différents grands projets territoriaux à l’image de la plateforme d’économie circulaire initiée par la Meta (créée par Vilogia et Lille Metropole Habitat) ou la chaire industrielle RECONVERT dont l’ambition est d’organiser les différents flux des matériaux issus de la déconstruction pour les réemployer ou les recycler localement. Sans oublier la biodiversité, un sujet pouvant être pris en compte en amont et pendant les chantiers. Le groupe travaille ainsi avec des experts écologues comme la LPO, Nord Nature Chico Mendes, Topager ou encore Audicee. Refuge de biodiversité, intégration dans une trame verte, production agricole biologique, dépollution : les solutions sont nombreuses.
Faire preuve d’agilité
Et ces nouvelles façons de concevoir, de collaborer, de construire impactent, de fait, les équipes. « Nous devrons nous appuyer sur de nouvelles compétences, capables d’exécuter davantage de chantiers de rénovation, et les spécificités qui en découlent. Les équipes devront travailler et intégrer de nouveaux matériaux. Les métiers liés aux espaces verts prendront davantage d’importance, se posera d’ailleurs la question de les internaliser. Dans un contexte de décarbonation du secteur, la gestion de ces nouvelles compétences et de ces nouvelles activités est à la fois un risque et une opportunité. Il faudra que le secteur se montre agile » ajoute Rodolphe Deborre. Cette agilité se traduit par une posture d’amélioration continue. Exemple avec ce hackathon organisé avec EuraTechnologies qui visait, en 2023, à challenger et repenser la solution d’écoconstruction ASAP proposée par Rabot Dutilleul. Elle se traduit également par des actions de sensibilisation et de formation. En témoigne le cycle « formation urgence climatique » proposé à l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise. Car, comme le spécifie Rodolphe Deborre « comprendre, c’est agir ». Avec cet effet boule de neige sur les sous-traitants, les fournisseurs et les clients. C’est là l’ambition du Groupe : entraîner l’ensemble du secteur vers la décarbonation.