Sensibilisation, formation, accompagnement des acteurs dans le cadre de programmes tels que Nature en ville : les missions de la LPO en faveur de la protection de la nature sont vastes. Celles-ci s’adressent au plus grand nombre : particuliers, entreprises, écoles, collectivités… Rencontre avec Damien Villotta, Responsable de projets et Référent Nature en Ville pour la LPO Hauts-de-France.
Avec ses 74 000 adhérents au niveau national, et ses plus de 3 100 adhérents sur le territoire régional, la LPO est la première association naturaliste de France. Elle s’appuie pour cela sur ses salariés et de nombreux bénévoles, 250 dans les Hauts-de-France, pour développer ses nombreuses actions en faveur de la protection des oiseaux, et plus largement de la biodiversité. « L’un des gros volets de notre action est l’animation et la sensibilisation. Nous réalisons de nombreux temps d’éducation à l’environnement pour tous les publics, des enfants aux personnes âgées. En 2023, ce sont 615 animations qui ont été réalisées dans les Hauts-de-France pour les scolaires et le grand public. Nous proposons à l’échelle régional une solution pour la faune sauvage en détresse avec le réseau SOS Faune sauvage (tél 07.72.22.51.40). Les particuliers peuvent nous appeler pour nous signaler des animaux en danger par exemple et obtenir des conseils, et nous avons mis en place un réseau d’acheminement de bénévoles pour transférer les animaux blessés des cliniques vétérinaires partenaires où les particuliers les ont déposés vers les centres de soins du territoire » explique Damien Villotta, Responsable de projets et Référent Nature en Ville pour la LPO Hauts-de-France. Rien que dans les Hauts-de-France, ce sont chaque année 5 400 appels qui sont traités.
Retravailler le foncier pour accueillir la biodiversité
Mais la LPO accompagne également les acteurs économiques sur le sujet de la biodiversité. « Outre les actions de sensibilisation et de formation que nous portons, nous animons également plusieurs programmes qui permettent aux entreprises de s’engager ». C’est notamment le cas du programme « Refuge LPO » : il s’adresse aux particuliers, écoles, collectivités et aux entreprises. Fin 2024, la LPO recensait 56 600 Refuges partout en France, dont plus de 400 entreprises. « Dans les Hauts-de-France, nous avons plusieurs exemples : à Onnaing, sur le site de Toyota, nous avons procédé à la plantation de plus de 700 arbustes. La fauche tardive a été mise en place. Ce site se trouve à l’arrière de l’usine, il n’était pas utilisé. Ce foncier a donc été retravaillé pour accueillir la biodiversité ». À Templeuve-en-Pévèle, sur le site de l’entreprise Duriez Agencement, des bassins naturels de rétention d’eau ont été créés. Faune et flore sont ainsi venus reconquérir cet espace de 30 mètres de large et de 60 mètres de long. « Il y a aujourd’hui presque autant d’espèces que dans un espace naturel » souligne Damien Villotta. « Plus largement, nous essayons de sensibiliser les acteurs économiques sur le fait qu’il est possible, sur leurs espaces, de concilier usages du quotidien et préservation de la biodiversité ».
Faire évoluer les pratiques
Autre programme à destination des acteurs économiques : Nature en ville. Celui-ci s’adresse aux professionnels travaillant sur les sujets liés à l’aménagement du territoire : urbanistes, bailleurs, promoteurs, constructeurs… L’objectif : prendre en compte la biodiversité dans chaque projet urbain. « Nous pouvons intervenir en amont et pendant les travaux, notamment pour réaliser des diagnostics et proposer des solutions. Par exemple, lors d’une rénovation thermique par l’extérieur, certaines cavités peuvent être bouchées. Et cela n’est pas sans conséquence. Pour prendre un exemple, le Martinet noir est un oiseau qui parcoure près de 25 000 kilomètres pour se reproduire dans ces anfractuosités. Sa population a baissé de 45 % en 20 ans. Le programme permet de proposer des préconisations en matière d’aménagement, de gestion technique des chantiers, de mise en place de mesures compensatoires… » ajoute Damien Villotta. Une manière de faire évoluer les pratiques et les mentalités, pour que la biodiversité devienne un sujet aussi important que celui de l’empreinte carbone au sein des entreprises.