Daudruy Van Cauwenberghe, cas d’école d’écologie industrielle

L’entreprise familiale basée à Dunkerque a développé de nombreuses activités autour des huiles alimentaires et de l’énergie, avec toujours ce prisme du bon sens. Forte de ses 200 collaborateurs, l’entreprise est profondément ancrée sur un territoire auquel elle contribue quotidiennement depuis bientôt 200 ans. Rencontre avec Ameline Daudruy et Ambre Duclay.

Créée en 1829, l’entreprise familiale Daudruy Van Cauwenberghe, véritable « couteau-suisse des huiles » a mené depuis plusieurs dizaines d’années une politique – gagnante - de diversification tout en y intégrant des principes d’écoresponsabilité. Adressant de nombreux secteurs (alimentation humaine et animale, chimie, cosmétique…), l’entreprise a su trouver de nouveaux leviers de développement. « En 2004, nous avons vu arriver sur le marché de très gros concurrents, qui produisaient autour de 1,5 million de tonnes de produits, là où nous en produisions entre 100 000 et 150 000 tonnes chaque année. Beaucoup de petits raffineurs ont fermé, et nous avons fait le choix de la diversification. Nous avons lancé en 2006 une unité de production de biocarburants, Nord-Ester, en utilisant d’abord des huiles végétales. Nous avons ensuite adapté progressivement le processus en utilisant des graisses animales catégorie 3 (impropres à la consommation humaine) à partir de 2010 puis des huiles alimentaires usagées. Nous sommes ensuite allés plus loin dans cette démarche en faisant l’acquisition, en 2014, d’Oléovia, spécialiste de la collecte de ces huiles alimentaires usagées ». Un axe de développement qui positionne aujourd’hui Oléovia comme le 3e collecteur d’huile usagée en France, fort de 10 centres de collecte répartis à travers tout le territoire national. « Une fois collectées, ces huiles sont traitées chez Nord-Ester puis transformées en biodiesel. Tout cela nous permet d’avoir la main sur ce qui est devenue notre principale matière première » explique Ameline Daudruy, responsable projets de développement, et qui représente aujourd’hui la 9e génération de la famille.

Une présence sur l’ensemble de la chaîne de valeur

L’entreprise ne s’arrête pas là. En parallèle de son développement sur le secteur de l’énergie, Daudruy fait l’acquisition dès 2015 de la coopérative Oriacoop en partenariat avec les agriculteurs fondateurs (la coopérative est née en 2006). Cette acquisition s’inscrit dans une logique de développement de la filière colza à l’origine. C’est quelques années plus tard que le lin et le tournesol videront compléter le colza. Aujourd’hui Oriacoop permet de proposer du colza et du lin tracé Français ainsi que des huiles biologiques. 

Production, collecte, traitement : Daudruy s’intéresse ensuite à la valorisation de ses déchets et coproduits, et installe en 2022, sur son site, une unité de biométhanisation : Nord-Métha. « L’installation fonctionne à 80 % grâce aux déchets et coproduits issus de nos différents process » ajoute Ameline Daudruy. Une démarche d’écologie industrielle qui profite à l’ensemble du territoire puisque cette production de biogaz est équivalente à la consommation de 12 000 foyers. « Nous avons également un partenariat avec la communauté urbaine de Dunkerque via le CVE (centre de valorisation énergétique) et Dalkia : le nœud énergétique. La vapeur produite par le CVE l’été est consommée par nos sociétés. L’hiver, le territoire consomme la vapeur produite par le CVE et nous faisons tourner nos chaudières afin de leur fournir un excédent d’énergie dont ils ont besoin ». Avec une production annuelle de 70 GW, soit la consommation de 12 000 foyers, Nord-Métha est actuellement la plus grosse unité de biométhanisation industrielle des Hauts-de-France. « 96 % de nos déchets sont recyclés : ce qui est un déchet pour une entité est une ressource pour une autre. Il y a toujours un exutoire, un moyen de valoriser en interne ». Dernier projet en date : la liquéfaction du CO₂, qui permettra au raffineur de le proposer à de nouveaux clients, à l’image des producteurs de sodas. Ici, tout se récupère !

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Un ancrage territorial fort

Forte de ces nouvelles activités, Daudruy Van Cauwenberghe s’appuie sur une stratégie RSE formalisée depuis 2017 et s’appuyant sur quatre piliers : l’environnement, les clients, le territoire et les collaborateurs. L’entreprise est par exemple signataire de la charte Objectif CO₂ et engagée dans le dispositif Fret21 dans le but de réduire ses émissions de CO2 liées au transport. Sur le volet territoire, Daudruy s’engage dans de nombreux dispositifs (SQUAD EMPLOI, Télémaque…) et se rend régulièrement sur des forums emploi. « Nous avons 80 métiers différents au sein de l’entreprise, nos 200 collaborateurs font beaucoup de choses différentes. Nous avons travaillé sur des grilles de compétences, et nous participons régulièrement à des job dating » ajoute Ambre Duclay, chargée de développement RSE.

Enfin, sur le volet collaborateurs, l’entreprise a mis en place une boîte à idées digitale, permettant aux salariés de proposer des actions concrètes telles que l’installation de bornes pour les trottinettes électriques, l’organisation d’un tour du site pour mieux le connaître et le nettoyer, ou encore des améliorations d’installations techniques : les idées sont nombreuses. Chaque trimestre, la meilleure proposition est élue et mise en avant, tandis que les autres suggestions sont également étudiées et valorisées. Tous ces engagements RSE seront prochainement répertoriées dans un premier rapport RSE. Des illustrations qui démontrent comment une entreprise peut aujourd’hui se développer tout en tenant compte des enjeux environnementaux et territoriaux. Un cas d’école en matière d’écologie industrielle.