Comment la RSE irrigue les actions du Groupe Holder

Créé en 1889 à Croix, le Groupe Holder est aujourd’hui présent dans 53 pays, fort de 13 000 collaborateurs sous enseigne. L’entreprise, qui a récemment adopté le statut de société à mission, développe de nombreuses actions, en lien notamment avec la nutrition ou la décarbonation de l’entreprise. Rencontre avec Denis Grivet, Directeur RSE du Groupe.

Pour comprendre comment la RSE infuse au sein du Groupe Holder, qui compte aujourd’hui deux principales activités (Château Blanc et PAUL), il convient de suivre l’évolution de l’entreprise. Dirigé par Maxime Holder, qui représente la cinquième génération de l’entreprise familiale, le Groupe s’engage, dès les années 2000, sur des sujets toujours d’actualité : Charte de la diversité, Plan espoir Banlieue, création de boulangeries d’insertion avec Vitamine T, charte du progrès nutritionnel du PNNS. Aujourd’hui présent dans 53 pays, le Groupe structure sa démarche RSE autour de 4 piliers : l’environnement, l’entreprise citoyenne, les territoires et filières, la nutrition et la santé. « Nous avons pressenti l’importance et l’émergence de ces sujets. Nous avons par exemple été parmi les premiers à remplacer les sacs plastiques par des sachets en papier recyclable, avant que cela ne devienne réglementaire. Ce qui compte finalement, ce n’est pas ce qui est inscrit, mais ce qui est mis en place. Nous avons en ce sens un rôle à jouer : nous avons beaucoup de clients, beaucoup de collaborateurs et donc beaucoup d’interactions sociales » explique Denis Grivet.

Et pour essaimer les pratiques, le Groupe, aujourd’hui entreprise à mission et signataire du Pacte Mondial des Nations Unis, multiplie les initiatives pour embarquer ses 13 000 collaborateurs. Il a, par exemple, développé une plateforme de e-learning comprenant une découverte de la RSE et des modules plus ponctuels notamment sur la question du tri des déchets à destination des magasins du Groupe. « Pour les managers et responsables, nous avons développé des ateliers de découverte de l’entreprise à mission, via une fresque. Cela permet aux équipes managériales de comprendre son ambition. Il faut que cela soit une fierté. Ce statut est un gage de pérennité, de durabilité et de légitimité, au regard de tout ce que nous faisons. Notre comité de mission est également une vraie instance de discussion sur les actions à mettre en place ».

Une filière blé 100 % française

Et les actions sont nombreuses, en témoigne la mise en œuvre d’une « Filière blé PAUL ». « Nous avons réuni les meuniers et défini ensemble des règles de production : le respect des bonnes pratiques agricoles – traitements raisonnés, préservation de la biodiversité… -, la conservation du blé sans insecticide, la traçabilité et le stockage en France. Ce sera notre 5e moisson cette année au sein de cette filière. Nous avons établi un contrat pluriannuel sur 3 ans, garantissant une visibilité pour les coopératives avec lesquelles nous travaillons, ainsi qu’une prime qualité filière reversée au producteur ». Dans cette même logique, le Groupe utilisera dès cette année des œufs issus de poules élevées en plein air pour 100 % de ses achats, et travaille sur le sujet du bien-être animal notamment sur le poulet et les produits de la mer. Le Groupe ambitionne également l’atteinte de 100 % de thés et cafés provenant de filière équitable dès cette année, et en 2026 pour le chocolat.

Plus largement, ces actions s’inscrivent dans une démarche de décarbonation. Le Groupe a ainsi réalisé trois bilans carbone et met en place une série de mesures comme la réalisation d’audits énergétiques dans des magasins témoins. Il vise une baisse de son empreinte carbone de l’ordre de 4 % par an par rapport à 2022. « C’est un sujet transversal, qui consolide beaucoup de choses. Nous travaillons sur le scope 3, avec quelques leviers comme l’approvisionnement : comment faire en sorte d’avoir des matières moins carbonées, issues du commerce équitable, qui ne déforeste pas ? Autre levier : les recettes. Il s’agit ici de travailler ou de remplacer certaines matières par des produits végétaux, tout en maintenant la qualité gustative. Ici, l’écologie et l’économique se rejoignent » ajoute Denis Grivet. Enfin, sur le volet anti-gaspillage, PAUL a été l’un des premiers à soutenir l’initiative de Too Good To Go : 1.5 million de paniers ont ainsi été sauvés depuis le début de cette collaboration.

Donner le choix au client

Sur le volet de la nutrition, PAUL a également été parmi les 10 premières entreprises françaises à s'engager avec le PNNS (Programme National Nutrition & Santé). Aujourd’hui, le Groupe réunit deux fois par an un comité scientifique pour disposer de données sur un certain nombre de sujets. « Ce comité est constitué de cinq experts, tous spécialistes sur des sujets variés : sécurité des aliments, nutrition, éthologie, santé, agronomie. Nous posons un sujet sur la table, et chacun, avec son prisme, apporte ses recommandations. Cela peut porter sur les risques, la qualité, la sécurité sanitaire, la perception du consommateur… Cela nous permet de nous forger une opinion. Chaque service de l’entreprise est présent – qualité, marketing, achats, R&D… - pour développer cette culture commune » ajoute Denis Grivet.

Et cette volonté d’informer, de sensibiliser, le Groupe l’applique également vers ses clients. PAUL propose ainsi une gamme de produits labellisés « bien manger, reconnaissables avec une petite pomme bleue. « Ce sont des produits qui tiennent compte de deux critères : le Nutri-Score du produit (le label « Bien Manger » ne peut être attribué à un produit que s’il obtient l’une des deux meilleures notes au Nutri-Score : A ou B) et la valeur calorique de la portion servie. Nous avons aussi développé des produits végétaliens, végétariens. Il s’agit ici d’offrir le choix à notre clientèle ». Car aujourd’hui, le Groupe doit faire face à de nouveaux enjeux : des modes d’implantation à repenser, une fréquentation chahutée par le télétravail… Mais L’ADN reste intact, et la gouvernance familiale convaincue par le sujet. « Les décisions sont prises rapidement, il y a une vraie conviction, et une intégration des sujets dans le modèle, preuve en est avec le statut d’entreprise à mission ». Une démarche d’amélioration continue, que le Groupe s’efforce d’essaimer auprès de l’ensemble de son écosystème.