D’installateur de ruches à créateur de biodiversité : comment Beecity a transformé son modèle économique

Comment transformer son modèle économique ? Vendredi 8 octobre, dans le cadre de la Matinale de Réseau Alliances, Sylvain Breuvart, fondateur et dirigeant de Beecity, a partagé son expérience sur le sujet. D’installateur de ruches, l’entreprise est devenue créatrice de biodiversité.

 

Créé en 2013, Beecity s’est donné comme mission de régénérer la biodiversité et de reconnecter les hommes à la nature. « Notre terrain de jeu, ce sont les espaces verts des entreprises. Nous travaillons à la re-végétalisation de ces espaces et créons des ilots de biodiversité. Notre deuxième métier est de créer des habitats pour la faune, comme des ruches, des hôtels à insectes, l’installation d’une marre etc. Enfin, notre troisième métier est de sensibiliser et d’animer nos publics » explique Sylvain Breuvart. Il y a une dizaine d’années, il se lance dans l’entreprenariat « Au début, c’était une idée folle, le sujet faisait sourire ». L’entrepreneur note aujourd’hui une véritable évolution dans son approche client : « Au début, je devais prouver que c’était une activité écologique, sociale, car elle créait du lien, et économique, via la production de miel. Aujourd’hui, je n’ai plus ce discours. Il y a une vraie prise de conscience : le message est différent, avec une pointe de militantisme ».

 

Créer son modèle économique est une vraie liberté, c’est un moyen merveilleux pour faire bouger les choses car on est au cœur du système.

 

De la ruche aux plans paysagers 

211013 matinaleSi une part de son activité est centrée autour de l’installation de ruches, Sylvain Breuvart a souhaité la faire évoluer de manière plus large. « Nous sommes passés d’une activité d’installation de ruches à celle de créatrice de biodiversité. Aujourd’hui, la ruche n’est plus la porte d’entrée, ce sont les espaces verts. Elle fait partie d’un projet global ». L’entreprise propose ainsi à ses clients de construire un véritable plan paysager pour leurs espaces verts. « Il faut s’interroger sur les limites de son modèle : par exemple, s’il y a trop d’abeilles, il peut y avoir des évolutions législatives qui contraignent leurs implantations. Il faut également anticiper le réchauffement climatique.  Aujourd’hui, l’installation de ruche est une partie très importante de notre activité mais l’objectif est de tendre vers davantage de plantation d’ici cinq ans ». Pour faire évoluer son offre, Sylvain Breuvart conseille d’être à l’écoute des signaux faibles : « Les clients ont souvent de bonnes idées. Chez Beecity, certains nous ont demandé de faire l’entretien de leurs espaces. Ce n’était pas dans notre offre. L’enjeu est de trouver un partenaire, un sous-traitant qui pourrait s’en occuper. Nous travaillons la partie création, mais l’entretien, la tonte et la taille n’est pas notre plus-value ». Ce type d’opportunité peut ainsi être un atout pour créer des partenariats locaux autour de ces questions. Sans oublier les collaborateurs : Beecity s’appuie sur les forces et compétences de chacun d’entre eux : « Il faut surfer sur les talents des salariés : ils sont acteurs et apporteurs de solutions ».

 

Ne pas se heurter à son propre modèle économique

Les modèles économiques sont aujourd’hui construits essentiellement sur une logique de volume, l’enjeu étant, désormais, de travailler l’usage, sans pour autant s’éparpiller. L’entreprise doit avoir la capacité de s’appuyer sur des spécialistes sans forcément recruter de nouveaux collaborateurs. Par exemple, une entreprise proposant des fruits et légumes aux entreprises peut faire évoluer son activité autour de la nutrition, en faisant appel ponctuellement à un nutritionniste. La dimension servicielle devient ainsi plus importante : il n’est plus nécessaire de sectoriser son activité. Pour appréhender toutes ces questions, Réseau Alliances propose un programme d’accompagnement destiné aux TPE/PME, s’échelonnant sur plusieurs mois. Basé sur la méthode du Codesign et sur l’intelligence collective, il permet d’aboutir au prototypage d’une nouvelle offre innovante et durable. « Aujourd’hui, nous ne sommes plus corrélés à la vente, c’est assez libérateur. Nous travaillons sur l’amélioration du service ou les besoins du client.  À un moment, on se heurte à son propre modèle, il faut donc l’anticiper et faire évoluer son modèle. Mais créer son modèle économique est une vraie liberté, c’est un moyen merveilleux pour faire bouger les choses car on est au cœur du système » conclut Sylvain Breuzart.

 

Pour en savoir plus sur le programme d'accompagnement "Business Models Innovants":