Le 24 avril 2025, à l'occasion des Rencontres Rev3 et Moi, le World Forum for a Responsible Economy inaugurait à Fourmies son nouveau cycle thématique : « Habiter ». Deux tables rondes ont structuré la matinée, offrant un panorama des enjeux liés au logement comme levier de transition sociale, économique et territoriale.
Habiter : un défi de territoire
C’est à Fourmies, ville pionnière des transitions, que s’est ouverte cette première étape du cycle « Habiter ». Portée par Réseau Alliances, cette initiative interroge le logement comme point de convergence entre emploi, mobilité, inclusion, et qualité de vie. Marie-Hélène Foubet, Présidente de Réseau Alliances, a rappelé l’ambition du projet : « On ne parle pas de logement, on parle bien d’habiter. Et habiter sur un territoire, ce n’est pas neutre ». Pour elle, on ne peut envisager une politique d’habitat sans considérer les enjeux d’accès à l’emploi ou aux soins.
La première table ronde a permis de croiser les regards d’élus engagés : Paul-Marie Claudon, Préfet délégué à l’égalité des chances dans le Nord, Marie-Hélène Foubet, Matthieu Demoncheaux, Maire d’Hesdin-la-Forêt, et François Erlem, Maire de Landrecies. Tous ont insisté sur la nécessité d’adapter les politiques de logement aux réalités locales. Paul-Marie Claudon a présenté la démarche du Plan départemental d’accès au logement et à l’hébergement, en insistant sur une approche par bassin de vie : « On a choisi de ne pas faire un diagnostic à l’échelle du département, mais de raisonner par bassins de vie. Parce que les logiques de peuplement, les problèmes de mobilité, les besoins ne sont pas les mêmes à Lille qu’à Fourmies. »
Il a également souligné le rôle de l’État et des collectivités dans une action complémentaire : « Le but, c’est d’avoir des actions qui puissent être convergentes, construites avec les bailleurs sociaux, les promoteurs privés, mais aussi les associations. » Pour Marie-Hélène Foubet, cette coopération est indispensable : « Sans coopération, sans volonté, en particulier des élus qui sont ici présents, on n’y arrive pas. Il faut désiloter. Il faut accepter d’entendre certaines choses. » Mickael Hiraux, le maire de Fourmies, ville hôte, a été salué pour les avancées locales en matière de rénovation énergétique, de lutte contre l’isolement et d’accès à un logement digne, autant d’initiatives concrètes inspirantes. Matthieu Demoncheaux a quant à lui partagé le travail réalisé avec les habitants sur un véritable projet de territoire : « On a écrit un projet de territoire, on l’a fait avec la population, avec les acteurs du territoire, les associations, les écoles… tout le monde, pendant six mois. » La ville d’Hesdin-la-Forêt accueillera la suite du cycle Habiter le 20 mai, prolongeant ainsi les réflexions engagées sur ce territoire en mutation.
Vers d’autres façons d’habiter
La seconde table ronde a donné la parole à des praticiens et pionniers du logement innovant. Bertrand Duprat (Directeur Général de Fourmies Habitat), Gilles Leclerc (Directeur d’Axentia), Charlotte Canard (Référente formation et plaidoyer du collectif ANGELA-D) et Odile Guillemot (Ancienne Présidente d’Habitat Participatif France et habitante de l’habitat participatif ANAGRAM) ont confronté leurs approches, démontrant la richesse des solutions existantes quand elles sont pensées avec et pour les habitants. Gilles Leclerc a rappelé que chaque projet doit être co-construit avec les gestionnaires : « On travaille main dans la main avec les associations, les collectivités, les fondations. On a une quarantaine de types d’habitats, chacun avec ses spécificités. »
La flexibilité, la mixité d’usages et la diversité des publics sont devenues essentielles. « On ne peut pas standardiser l’habitat. Un établissement peut inclure une crèche, une résidence autonomie, une structure médicale... C’est complexe, mais nécessaire pour répondre aux vrais besoins », a-t-il expliqué. Charlotte Canard, engagée dans le collectif féministe Angela-D, a quant à elle mis en lumière les inégalités de genre dans l’accès au logement : « Le logement est un marqueur d’inégalités entre les hommes et les femmes : des revenus plus faibles, un accès plus difficile à la propriété, et souvent une absence de reconnaissance dans les baux. »
Odile Guillemot, enfin, a témoigné de son expérience dans l’habitat participatif : « L’habitat participatif, ce sont des lieux de vie conçus par ou avec les habitants, organisés autour d’espaces communs et portés par une charte de valeurs partagées – solidarité, convivialité, respect de l’environnement… Ce sont souvent des projets intergénérationnels, qui recréent du lien et dynamisent l’économie locale. » À travers les échanges, c’est la responsabilité collective qui a émergé.
Le cycle « Habiter » se poursuivra le 20 mai à Hesdin-la-Forêt, avant de revenir à la Cité des Échanges les 25 et 26 novembre 2025. Une démarche ouverte à tous types d’acteurs (élus, entreprises, bailleurs, associations, experts, citoyens) pour imaginer ensemble des territoires plus inclusifs, plus durables, et plus solidaires.