Sophie Bellet, Be Square : « l’implication de nos résidents est au cœur de notre démarche RSE »

Plus qu’un simple espace de coworking, Be Square est avant tout un lieu de vie. Conçu pour les entrepreneurs, et plus spécifiquement pour les TPE/PME, Sophie Bellet, sa co-fondatrice, a souhaité associer et impliquer les résidents dans la gouvernance du lieu. Rencontre avec la dirigeante.

 

210531 be square 2Coworking, bureaux partagés : ces nouveaux espaces de travail ont le vent en poupe depuis quelques années. Selon le Labo coworking, il en existait 1 700 en 2019 contre 360 en 2015, soit plus d’un million de mètres carrés en France ! Be Square fait partie de ces pionniers. Implanté à Roubaix depuis 2014, ce lieu a avant tout été pensé pour les entrepreneurs et par des entrepreneurs. « En 2014, il n’y avait pas d’espace à la fois professionnel et centré sur l’humain. Nous avons eu envie de proposer un lieu dans lequel nous aurions eu envie de travailler » explique Sophie Bellet. Be Square propose des bureaux privatifs, pour que chacun puisse travailler tout en se sentant « chez soi » ainsi que de nombreux services : secrétariat, support technique, permanence téléphonique… « Nous souhaitions récréer les conditions que l’on peut avoir dans les grandes sociétés pour permettre aux résidents de se concentrer uniquement sur leur business ». Mais au-delà de ces services, Be Square a souhaité mettre en place un collectif d’entraide et de bienveillance, allant bien au-delà « du simple partage d’un café » : le comité vivre ensemble. « J’ai souhaité laisser un espace dans la gouvernance pour mes clients. Nous nous voyons régulièrement autour de l’animation du lieu ». L’idée du comité voit le jour en 2018, à la suite du parcours que suit Sophie Bellet sur l’Économie de la Fonctionnalité et de la Coopération : « je me retrouvais souvent confrontée à des clients qui achetaient des mètres carrés alors que je leur vendais de la communauté, du vivre ensemble. Le Parcours permettait de trouver des réponses afin d’aligner mes valeurs entre le modèle d’affaires et la réalité du terrain. C’est à la suite de cet accompagnement que les jalons du comité vivre ensemble ont été posés ». Une des premières actions initiées fut la rédaction d’une charte. « Quelques personnes me faisaient remarquer que certains résidents ne disaient pas bonjour, allaient directement dans leurs bureaux. Cette charte a permis de cadrer les choses. Nous demandons aux résidents de respecter les principes de la charte mais nous ne les obligeons pas à y adhérer ». 

 

Be Square : impliquer ses parties prenantes pour pérenniser l’activité

Aujourd’hui, le comité vivre ensemble est la pierre angulaire du lieu : « c’est le cœur de notre démarche RSE : l’implication de nos résidents. Avoir un réseau qui est soutenant et impliqué dans l’activité permet d’en assurer la pérennité. Les clients deviennent nos partenaires ». Pour créer cette dynamique, Be Square organise de nombreux évènements, des petits déjeuners, des conférences où les clients sont parties prenantes. Be Square travaille également sur un club d’affaires, coconstruit avec les résidents, dans la continuité du comité vivre ensemble : « nous aurons par exemple du co-dev autour de la résolution de problèmes entre pairs, ce qui existe peu dans ce type de club ». Impliquer ses clients, une manière pour Sophie Bellet de les sensibiliser à la RSE « Ce sont mes valeurs. Peu de clients sont sensibilisés à la RSE. Pourtant, ils expérimentent et travaillent dans un lieu écoresponsable, sans forcément s’en rendre compte. Il y a quelques années, j’ai retiré toutes les poubelles dans les bureaux car peu de résidents triaient leurs déchets. C’est désormais à eux d’aller jeter leurs déchets dans les poubelles collectives implantées dans différents endroits du site. Cela a généré des tensions mais aujourd’hui, la pratique est adoptée ». Le lieu est aujourd’hui zéro déchet : « c’est pleinement acquis, nous n’en parlons plus. Nous n’avons plus d’essuie-mains à feuille, plus de gobelet, plus de bouteille en plastique, plus de machine à capsule… ». Et les comportements changent : « par exemple, une de nos résidentes prend aujourd’hui du thé en vrac chez elle après avoir découvert la pratique sur le lieu ».

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La démarche RSE en TPE/PME : une impulsion du dirigeant

Sophie Bellet impose sa vision, fermement, mais avec le sourire : « si les valeurs du dirigeant sont tournées vers la RSE, alors les choses se font naturellement. Pour les TPE, la RSE est vraiment liée à la vision de l’entrepreneur. Nous avons l’impression que ce sont les grands groupes qui sont les plus engagés, car on leur impose la RSE de manière normative, mais les TPE le sont tout autant. Il faut mettre en lumière la démarche RSE existante et les aider à la renforcer pour qu’elle soit pérenne ». Dans une logique « d’amélioration continue », la dirigeante s’est d’ailleurs engagée dans le Programme d’engagement B Corp avec Réseau Alliances. « Je voulais m’assurer que l’ensemble des domaines était bien touché, pour ne pas être en imposture. Je me suis rendu compte que je pouvais davantage travailler sur les aspects liés à la diversité.  Et puis, il y a une vraie action de formalisation : par exemple, j’ai dû faire des statistiques sur mes achats. On nous demande d’avoir un guide d’achat mais c’est moi qui achète tout ! Cependant, en le formalisant, j’ai pu prendre conscience que 69 % de mes achats étaient roubaisiens et que 95 % d’entre eux provenaient de la métropole lilloise. Tout ceci se fait de manière naturelle. Ce type de révélation, nous serions beaucoup de TPE/PME à l’avoir finalement ». Une démarche que Sophie Bellet partagera naturellement avec ses clients : fin mai, elle organisait un atelier autour de la raison d’être de Be Square, capitalisant sur ses expériences. Une façon de toujours « se rattacher aux humains ».